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Le Vatican Information Service (VIS) est un service d'information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège. Il propose des informations sur le Magistère et l'activité pastorale du Saint-Père et de la Curie Romaine... []

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samedi 13 septembre 2008

FUIR L'IDOLATRIE


CITE DU VATICAN, 12 SEP 2008 (VIS). Benoît XVI a célébré à 10 heures une grand messe sur l'esplanade des Invalides, devant la cathédrale St.Louis et le dôme, qui abrite notamment le corps de Napléon Ier. A l'homélie, devant 260.000 personnes, le Pape a commenté la première épître de Paul aux Corinthiens: Elle "nous fait découvrir...à quel point les conseils donnés par l'Apôtre restent d'actualité. Fuyez le culte des idoles, écrivait-il à une communauté très marquée par le paganisme et partagée entre l'adhésion à la nouveauté de l'Evangile et l'observance de vieilles pratiques héritées de ses ancêtres".

  "Hormis le peuple d'Israël, qui avait reçu la révélation du Dieu unique, le monde antique était asservi au culte des idoles. Très présentes à Corinthe -a rappelé le Pape-, les erreurs du paganisme devaient être dénoncées, car elles constituaient une puissante aliénation et détournaient l'homme de sa véritable destinée. Elles l'empêchaient de reconnaître que le Christ est le seul Sauveur, le seul qui indique à l'homme le chemin vers Dieu. Cet appel à fuir les idoles reste pertinent aujourd'hui... Le mot idole vient du grec et signifie image...mais aussi vaine apparence. L'idole est un leurre, car elle détourne son serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume de l'apparence. Or n'est-ce pas une tentation propre à notre époque, la seule sur laquelle nous puissions agir efficacement? Tentation d'idolâtrer un passé qui n'existe plus, en oubliant ses carences, tentation d'idolâtrer un avenir qui n'existe pas encore, en croyant que, par ses seules forces, l'homme réalisera le bonheur éternel sur la terre! ... L'argent, la soif de l'avoir, du pouvoir et même du savoir n'ont-ils pas détourné l'homme de sa fin véritable?".

  Dans son commentaire de l'épître, saint Jean Chrysostome, dont c'est aujourd'hui la fête, fait remarquer que saint Paul condamne sévèrement l'idolâtrie, ajoutant cependant qu'il ne s'agit est en aucun cas une condamnation de la personne de l'idolâtre. "Jamais, dans nos jugements -a ajouté le Pape-, nous ne devons confondre le péché qui est inacceptable, et le pécheur dont nous ne pouvons pas juger l'état de la conscience et qui, de toute façon, est toujours susceptible de conversion et de pardon... Jamais Dieu ne demande à l'homme de faire le sacrifice de sa raison! Jamais la raison n'entre en contradiction réelle avec la foi! L'unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, a créé notre raison et nous donne la foi, en proposant à notre liberté de la recevoir comme un don précieux. C'est le culte des idoles qui détourne l'homme de cette perspective, et la raison elle-même peut se forger des idoles. Demandons donc à Dieu qui nous voit et nous entend, de nous aider à nous purifier de toutes nos idoles, pour accéder à la vérité de notre être, pour accéder à la vérité de son être infini!".

  "Saint Paul nous demande de faire usage non seulement de notre raison, mais surtout de notre foi pour le découvrir... Le pain que nous rompons est communion au Corps du Christ... Depuis déjà vingt siècles...le Seigneur ressuscité se donne à son peuple... Entourons donc de la plus grande vénération le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le Très Saint-Sacrement de la présence réelle du Seigneur à son Eglise et à toute l'humanité". La messe,  a poursuivi Benoît XVI, "est le sacrifice d'action de grâce par excellence, celui qui nous permet d'unir notre propre action de grâce à celle du Sauveur... La messe nous invite à discerner ce qui, en nous, obéit à l'Esprit de Dieu et ce qui, en nous, reste à l'écoute de l'esprit du mal".

  "Elever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur, n'est-ce pas précisément le meilleur moyen de fuir les idoles, comme nous le demande saint Paul ? Chaque fois qu'une messe est célébrée, chaque fois que le Christ se rend sacramentellement présent dans son Eglise, c'est l'œuvre de notre salut qui s'accomplit... Lui seul nous apprend à fuir les idoles, mirages de la pensée". Mais, s'est exclamé le Saint-Père, "qui peut élever la coupe du salut et invoquer le nom du Seigneur au nom du peuple de Dieu tout entier, sinon le prêtre?". Ici, Benoît XVI a lancé "un appel à la foi et à la générosité des jeunes qui se posent la question de la vocation religieuse ou sacerdotale. N'ayez pas peur de donner votre vie au Christ!", leur a-t-il dit."Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l'Eglise!... L'espérance demeurera toujours la plus forte ! L'Eglise, bâtie sur le roc du Christ, possède les promesses de la vie éternelle, non parce que ses membres seraient plus saints que les autres hommes, mais parce que le Christ a fait cette promesse à Pierre: Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle".

  "Dans cette espérance indéfectible de la présence éternelle de Dieu à chacune de nos âmes, dans cette joie de savoir que le Christ est avec nous jusqu'à la fin des temps, dans cette force que l'Esprit Saint donne à tous ceux et à toutes celles qui acceptent de se laisser saisir par lui, je vous confie, chers chrétiens de Paris et de France, à l'action puissante et miséricordieuse du Dieu d'amour qui est mort pour nous sur la Croix et ressuscité victorieusement au matin de Pâques. A tous...je redis avec Paul: Fuyez le culte des idoles, ne vous lassez pas de faire le bien!".

  Après la messe des Invalides, le Pape est retourné à la nonciature pour déjeuner avec l'épiscopat d'Ile-de-France.
PV-FRANCE/MESSE/INVALIDES:PARIS                             VIS 20080913 (940)


BENOÎT XVI SOUS LA COUPOLE


CITE DU VATICAN, 13 SEP 2008 (VIS). A 9 h le Pape s'est rendu à l'Institut de France, institution fondée en 1795, qui regroupe l'Académie française, l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences, l'Académie des beaux-arts et l'Académie des sciences morales et politiques. En 1992, le Cardinal Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait été élu Académicien associé à la place du Prix Nobel de la paix Andrei Sakharov. Accueilli par M.Gabriel de Broglie, Chancelier de l'Institut, et Mme Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuel, Benoît XVI a été introduit sous la Coupole, où siègent tous les académiciens:

  "Je ne pouvais pas venir à Paris sans vous saluer personnellement", a dit le Pape à ses confrères. "C'est pour moi un très grand honneur d'être reçu ce matin et il m'est agréable de profiter de cette heureuse occasion pour souligner les liens profonds qui m'attachent à la culture française pour laquelle j'éprouve une grande admiration... Rabelais affirmait fort justement en son temps, science sans conscience n'est que ruine de l'âme! C'est pour contribuer à éviter le risque d'une semblable dichotomie que, au mois de janvier, et pour la première fois en trois siècles et demi, deux Académies de l'Institut, deux Académies pontificales et l'Institut catholique de Paris ont organisé un colloque sur l'identité changeante de l'individu.. Cette initiative pourrait se poursuivre afin d'explorer en commun les innombrables sentiers des sciences humaines et expérimentales".

  Puis le Saint-Père s'est rendu en voiture panoramique sur l'esplanade des Invalides pour la messe.
PV-FRANCE/INSTITUT/PARIS                                  VIS 20080913 (260)


L'EGLISE ET LES JEUNES


CITE DU VATICAN, 12 SEP 2008 (VIS). Après la cérémonie liturgique, le Pape a salué sur le parvis de Notre-Dame les jeunes qui allaient passer la nuit en prière pour préparer la messe de demain sur l'esplanade des Invalides. Leur enthousiasme à fait dire à Benoît XVI que cela lui rappelait la Journée mondiale de la jeunesse de Sydney de juillet, qui "a fait redécouvrir à de nombreux jeunes l'importance de l'Esprit Saint dans la vie du chrétien. L'Esprit nous met intimement en rapport avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine authentique. Tous, vous cherchez à aimer et à être aimés! C'est vers Dieu que vous devez vous tourner pour apprendre à aimer et pour avoir la force d'aimer".

  Puis il a invité les jeunes à méditer la grandeur du sacrement de la confirmation, qui introduit le chrétien dans la vie adulte: "Il est capital de mieux comprendre ce sacrement pour vérifier la qualité et la profondeur de votre foi et pour l'affermir. L'Esprit Saint vous fait approcher du mystère de Dieu et vous fait comprendre qui est Dieu. Il vous invite à voir dans votre prochain, le frère que Dieu vous a donné pour vivre avec lui en communion, humainement et spirituellement, pour vivre en Eglise. En vous révélant qui est le Christ, mort et ressuscité pour nous, Il vous pousse à témoigner... Il est capital de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux d'études, de travail ou de loisirs. N'ayez pas peur, ayez le courage de vivre l'Evangile et l'audace de le proclamer... Portez la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge et aussi aux autres. Ils connaissent les turbulences des affections, le souci et l'incertitude face au travail et aux études. Ils affrontent des souffrances et ils font l'expérience de joies uniques. Témoignez de Dieu, car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté catholique... L'Eglise vous fait confiance".

  Le second thème de réflexion proposé par le Pape à la jeunesse a été le mystère de la Croix: "Beaucoup d'entre vous portent autour de leur cou une chaîne avec une croix... Ce n'est pas un ornement, ni un bijou. C'est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel du ralliement au Christ...  Pour les chrétiens, la Croix symbolise la sagesse de Dieu et son amour infini révélé dans le don salvifique du Christ mort et ressuscité pour la vie du monde, pour la vie de chacun et de chacune d'entre vous en particulier". La Croix "est non seulement le signe de votre vie en Dieu et de votre salut, mais elle est aussi le témoin muet des douleurs des hommes et, en même temps, l'expression unique et précieuse de toutes leurs espérances".

  "La Croix compromet en quelque sorte la sécurité humaine, mais elle affermit, aussi et surtout, la grâce de Dieu et confirme notre salut. Ce soir, je vous confie la Croix du Christ. L'Esprit vous en fera comprendre les mystères d'amour... Paul avait compris la parole de Jésus, apparemment paradoxale, selon laquelle c'est seulement en donnant (en perdant) sa propre vie qu'on peut la trouver et il en avait conclu que la Croix exprime la loi fondamentale de l'amour et est la formulation parfaite de la vraie vie".

  Après cette rencontre, Benoît XVI a regagné la nonciature et, après le dîner, il a salué du balcon les fidèles rassemblés dans la rue: " Votre accueil si chaleureux émeut le Pape! Merci d'avoir bien voulu m'attendre ici malgré l'heure tardive et de façon si enthousiaste... Je suis heureux de venir me joindre demain à la foule des pèlerins de Lourdes pour célébrer le jubilé des apparitions de la Vierge. Les catholiques en France ont plus que jamais besoin de renouveler leur confiance en Marie, reconnaissant en Elle le modèle de leur engagement au service de l'Evangile... Je compte sur vous et sur vos prières pour que ce voyage porte du fruit. Que la Vierge Marie vous garde!".
PV-FRANCE/JEUNES/PARIS                                     VIS 20080913 (680)


VEPRES A NOTRE-DAME


CITE DU VATICAN, 12 SEP 2008 (VIS). A 19 h 15', en la cathédrale Notre-Dame, le Pape a présidé les vêpres chantées avec les prêtres, religieux et religieuses, séminaristes et diacres de la région parisienne. Quelques représentants d'autres Eglises et confessions chrétiennes étaient présents. Dans son homélie, il a commenté le psaume 126,1 (Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain): "Qui est ce Seigneur, sinon notre Seigneur Jésus-Christ? C'est lui qui a fondé son Eglise, qui l'a bâtie sur le roc, sur la foi de l'apôtre Pierre. Augustin se pose la question de savoir quels sont ces travailleurs; et il répond lui-même: ceux qui prêchent dans l'Eglise la parole de Dieu, qui administrent les sacrements. Nous courons tous maintenant, nous travaillons tous, nous édifions tous, mais c'est Dieu seul qui, en nous, édifie, qui avertit, qui ouvre l'intelligence, qui applique notre esprit aux vérités de la foi".

  "Quelle merveille revêt notre action au service de la Parole divine! -s'est exclamé le Saint-Père- Nous sommes les instruments de l'Esprit; Dieu a l'humilité de passer par nous pour répandre sa Parole. Nous devenons sa voix, après avoir tendu l'oreille vers sa bouche. Nous mettons sa Parole sur nos lèvres pour la donner au monde. L'offrande de notre prière est agréée par lui et lui sert pour se communiquer à tous ceux que nous rencontrons". Puis Benoît XVI a souligné que "nos liturgies de la terre, tout entières ordonnées à la célébration de cet acte unique de l'histoire ne parviendront jamais à en exprimer totalement l'infinie densité. La beauté des rites ne sera, certes, jamais assez recherchée, assez soignée, assez travaillée, puisque rien n'est trop beau pour Dieu, qui est la beauté infinie. Nos liturgies de la terre ne pourront jamais être qu'un pâle reflet de la liturgie céleste, qui se célèbre dans la Jérusalem d'en haut, objet du terme de notre pèlerinage sur terre. Puissent, pourtant, nos célébrations s'en approcher le plus possible et la faire pressentir!".

  "Dès maintenant, -a-t-il ajouté- la Parole de Dieu nous est donnée pour être l'âme de notre apostolat, l'âme de notre vie de prêtres... Tout au long de la journée, la Parole de Dieu devient la matière de la prière de l'Eglise tout entière, qui veut ainsi témoigner de sa fidélité au Christ". Le Saint-Père a ensuite exhorté les prêtres à ne pas avoir peur de consacrer beaucoup de leur temps à la lecture, la méditation des Ecritures et à la prière de l'office divin. "Presque à votre insu -a-t-il dit- la Parole lue et méditée en Eglise agit sur vous et vous transforme". Il s'est alors adressé aux séminaristes: "Vous êtes destinés à devenir dépositaires de cette Parole efficace, qui fait ce qu'elle dit. Entretenez toujours en vous le goût de la Parole de Dieu! Apprenez, grâce à elle, à aimer tous ceux qui seront placés sur votre route. Personne n'est de trop dans l'Eglise, personne! Tout le monde peut et doit y trouver sa place".

  Le Pape a aussi demandé aux diacres que, sans chercher à remplacer les prêtres, mais en les aidant avec amitié et efficacité, ils soient de vivants témoins de la puissance infinie de la Parole divine. Puis, il a rappelé aux religieux et religieuses et toutes les personnes consacrées que leur "seule richesse, la seule, à dire vrai, qui franchira les siècles et le rideau de la mort -, c'est bien la Parole du Seigneur... Votre obéissance est, étymologiquement, une écoute, puisque le mot obéir vient du latin Obaudire, qui signifie tendre l'oreille vers quelque chose ou quelqu'un. En obéissant, vous tournez votre âme vers celui qui est le chemin, la vérité et la vie... La pureté de la Parole divine est le modèle de votre propre chasteté ; elle en garantit la fécondité spirituelle".

  Benoît XVI a enfin salué les représentants des Eglises chrétiennes et des communautés ecclésiales "venus prier fraternellement les vêpres avec nous dans cette cathédrale... Je demande ardemment au Seigneur -a conclu le Pape- de faire grandir en nous le sens de cette unité de la Parole de Dieu, signe, gage et garante de l'unité de l'Eglise : pas d'amour dans l'Eglise sans amour de la Parole, pas d'Eglise sans unité autour du Christ rédempteur, pas de fruits de la rédemption sans amour de Dieu et du prochain, selon les deux commandements qui résument toute l'Ecriture sainte !".
PV-FRANCE/VEPRES/PARIS                             VIS 20080913 (740)


RACINES CHRETIENNES DE L'EUROPE


CITE DU VATICAN, 12 SEP 2008 (VIS). Le monde de la culture a accueilli Benoît XVI au Collège des Bernardins où le Pape est arrivé vers 17 h 30'. L'institution fut fondée en 1247 par Etienne de Lexington, abbé cistercien de Clairvaux, comme centre de formation théologique pour ses moines. Confisqué pendant la Révolution, l'édifice a été vendu et a traversé au cours des siècles diverses péripéties jusqu'à ce que l'archidiocèse de Paris le rachète. Après cinq années de restauration, l'édifice, authentique joyau de l'architecture médiévale, a été ouvert au public le 4 septembre dernier. Il est le siège d'initiatives artistiques, de conférences et de réunions.

  Le discours du Pape a été consacré aux origines de la théologie occidentale et aux racines de la culture européenne. "Au cours de la grande fracture culturelle -a-t-il dit-, provoquée par la migration des peuples et par la formation des nouveaux ordres étatiques, les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l'antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle". Mais l'intention des moines n'était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : ...derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif". Pour suivre leur voie, leur tâche consistait à trouver les bornes milliaires placées par Dieu sur le chemin. Le Saint-Père a ajouté que "cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Ecritures, était offerte aux hommes. La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole...  eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l'une de l'autre... Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes".

   Benoît XVI a ensuite parlé des lieux communs aux monastères, les bibliothèques et les écoles qui "ouvraient concrètement un chemin vers la parole" en soulignant que "la Parole qui ouvre le chemin de la recherche de Dieu et qui est elle-même ce chemin, est une Parole qui donne naissance à une communauté... La Parole ne conduit pas uniquement sur la voie d'une mystique individuelle, mais elle nous introduit dans la communauté de tous ceux qui cheminent dans la foi... Tout comme à l'école rabbinique, chez les moines, la lecture accomplie par l'un d'eux est également un acte corporel -a-t-il observé-. La Parole de Dieu elle-même nous introduit dans un dialogue avec Dieu" et, "en particulier, dans le Livre des psaumes, il nous donne les mots avec lesquels nous pouvons nous adresser à lui, lui présenter notre vie, avec ses hauts et ses bas, et nous la transformons en un mouvement vers lui".

  Relevant l'importance du chant dans la vie monastique, Benoît XVI a rappelé que saint Bernard "qualifiait la cacophonie d'un chant mal exécuté une chute dans la Regio Dissimilitudinis, dans la région de la dissimilitude". C'est l'expression utilisée par saint Augustin pour décrire "l'état de son âme avant sa conversion: l'homme qui est créé à l'image de Dieu tombe, en conséquence de son abandon de Dieu, dans la région de la dissimilitude, dans un éloignement de Dieu où il ne le reflète plus et où il devient ainsi non seulement dissemblable à Dieu, mais aussi à sa véritable nature d'homme". Pour Bernard de Clairvaux "la culture du chant est une culture de l'être et les moines, par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle beauté... Enfin, pour s'efforcer de saisir cette culture monastique occidentale de la parole, qui s'est développée à partir de la quête intérieure de Dieu", il est nécessaire d'aborder "les Ecritures, qui... dans leur ensemble... constituent l'unique Parole de Dieu qui nous est adressée. Ce pluriel souligne déjà clairement que la Parole de Dieu nous parvient seulement...à travers des paroles humaines, c'est-à-dire que Dieu nous parle seulement dans l'humanité des hommes, et à travers leurs paroles et leur histoire".

  Le Pape a alors souligné que "l'Ecriture a besoin de l'interprétation, et elle a besoin de la communauté où elle s'est formée et où elle est vécue. En elle seulement, elle a son unité et, en elle, se révèle le sens qui unifie le tout... Le christianisme perçoit dans les paroles la Parole, le Logos lui-même, qui déploie son mystère à travers cette multiplicité. Cette structure particulière de la Bible est un défi toujours nouveau posé à chaque génération. Selon sa nature, elle exclut tout ce qu'on appelle aujourd'hui fondamentalisme... La Parole de Dieu, en effet, n'est jamais simplement présente dans la seule littéralité du texte. Pour l'atteindre, il faut un dépassement et un processus de compréhension qui se laisse guider par le mouvement intérieur de l'ensemble des textes et, à partir de là, doit devenir également un processus vital. Ce n'est que dans l'unité dynamique de leur ensemble que les nombreux livres ne forment qu'un livre. La Parole de Dieu et son action dans le monde se révèlent dans la parole et dans l'histoire humaines".

  "Le dépassement de la lettre et sa compréhension holistique", a dit le Saint-Père, sont exprimés par saint Paul dans sa phrase: La lettre tue, mais l'Esprit donne la vie. Or l'esprit libérateur ne peut pas être réduit à... la vision personnelle de celui qui interprète. L'esprit est Christ... qui nous montre le chemin. Avec cette parole sur l'esprit et sur la liberté, un vaste horizon s'ouvre, mais en même temps, une limite claire est mise à l'arbitraire et à la subjectivité qui oblige fortement l'individu tout comme la communauté et noue un lien supérieur à celui de la lettre du texte: le lien de l'intelligence et de l'amour... Cette tension entre le lien et la liberté, qui va bien au-delà du problème littéraire de l'interprétation de l'Ecriture...a profondément modelé la culture occidentale. Cette tension se présente à nouveau à notre génération comme un défi face aux deux pôles que sont, d'un côté, l'arbitraire subjectif, de l'autre, le fanatisme fondamentaliste. Si la culture européenne d'aujourd'hui comprenait désormais la liberté comme l'absence totale de liens, cela serait fatal et favoriserait inévitablement le fanatisme et l'arbitraire".

  Puis le Saint-Père a fait remarquer qu'en plus de l'Ora de la vie monastique, existait aussi le Labora et que le "Dieu chrétien...est aussi le Créateur. Dieu travaille, il continue d'œuvrer dans et sur l'histoire des hommes. Et dans le Christ, il entre comme personne dans l'enfantement laborieux de l'histoire... Dieu travaille!... L'homme est capable de participer à l'œuvre créatrice de Dieu dans le monde. Sans cette culture du travail qui, avec la culture de la parole, constitue le monachisme, le développement de l'Europe, son Ethos et sa conception du monde sont impensables".

  Reprenant le début de son discours sur la vie monacale, Benoît XVI a rappelé que "celui qui devenait moine, s'engageait sur un chemin élevé et long, il était néanmoins déjà en possession de la direction : la Parole de la Bible dans laquelle il écoutait Dieu parler", mais "afin que s'ouvre un chemin au cœur de la parole biblique en tant que Parole de Dieu, cette même Parole doit d'abord être annoncée ouvertement. De fait, les chrétiens de l'Eglise naissante ne considéraient pas leur annonce missionnaire comme une propagande...mais comme une nécessité intrinsèque qui dérivait de la nature de leur foi... L'universalité de Dieu et l'universalité de la raison ouverte à lui constituaient pour eux la motivation et, à la fois, le devoir de l'annonce. Pour eux, la foi ne dépendait pas des habitudes culturelles, qui sont diverses selon les peuples, mais relevait du domaine de la vérité qui concerne, de manière égale, tous les hommes".

  "Le schéma fondamental de l'annonce chrétienne Ad Extra, c'est à dire aux hommes qui, par leurs questionnements, sont en recherche, se dessine dans le discours de saint Paul à l'Aréopage quand...il annonce celui que les hommes ignorent et pourtant connaissent : l'inconnu-connu. C'est celui qu'ils cherchent, et dont, au fond, ils ont connaissance et qui est cependant l'inconnu et l'inconnaissable. Au plus profond, la pensée et le sentiment humains savent de quelque manière que Dieu doit exister et qu'à l'origine de toutes choses, il doit y avoir non pas l'irrationalité, mais la raison créatrice, non pas le hasard aveugle, mais la liberté... Toutefois, bien que tous les hommes le sachent d'une certaine façon...cette connaissance demeure ambiguë : un Dieu seulement pensé et élaboré par l'esprit humain n'est pas le vrai Dieu. Si lui ne se montre pas, quoi que nous fassions, nous ne parvenons pas pleinement jusqu'à lui... La nouveauté de l'annonce chrétienne réside en un fait : Dieu s'est révélé. Ce n'est pas un fait nu mais un fait qui, lui-même, est Logos, présence de la raison éternelle dans notre chair". A notre époque aussi "Dieu est vraiment devenu le grand inconnu. Malgré tout, comme jadis où derrière les nombreuses représentations des dieux était cachée et présente la question du Dieu inconnu, de même, aujourd'hui, l'actuelle absence de Dieu est aussi tacitement hantée par la question qui le concerne".

  "Chercher Dieu et se laisser trouver par lui, cela n'est pas moins nécessaire aujourd'hui que par le passé", a conclu Benoît XVI. "Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l'humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l'Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à l'écouter, demeure aujourd'hui encore le fondement de toute culture véritable".

  Après ce discours, le Pape s'est rendu à la cathédrale Notre-Dame pour présider les vêpres avec les prêtres, religieux, religieuses, séminaristes et diacres de Paris et de sa région ecclésiastique.
PV-FRANCE/MONDE CULTURE/PARIS                             VIS 20080913 (1660)


RENFORCER L'AMITIE JUIFS CHRETIENS


CITE DU VATICAN, 12 SEP 2008 (VIS). A 17 h, Benoît XVI a reçu à la nonciature les représentants de la communauté juive française, devant lesquels il a réaffirmé l'importance du renforcement de l'amitié entre juifs et chrétiens: "Nous avons une fraternité à fortifier et à vivre" et nos "liens de fraternité sont une invitation continuelle à se connaître mieux et à se respecter", a-t-il dit.

  L'Eglise catholique "redit avec force par ma voix les paroles du grand Pape Pie XI: Spirituellement, nous sommes des sémites. L'Eglise s'élève donc contre toute forme d'antisémitisme dont aucune justification théologique, n'est recevable. Le théologien français Henri de Lubac, dans une heure des ténèbres, comme disait Pie XII, a compris qu'être antisémite était aussi être antichrétien. Une fois encore, je tiens à rendre un profond hommage à ceux qui sont morts injustement et à ceux qui ont œuvré pour que les noms des victimes restent en mémoire. Dieu n'oublie pas!".

  Après la rencontre, le Saint-Père s'est rendu en voiture au collège des Bernardins, où l'attendaient 700 représentants du monde de la culture, mais aussi de l'UNESCO et de l'Union Européenne, ainsi que des membres de la communauté musulmane de France.
PV-FRANCE/JUIFS/...                                                 VIS 20080912 (210)


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