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Le Vatican Information Service (VIS) est un service d'information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège. Il propose des informations sur le Magistère et l'activité pastorale du Saint-Père et de la Curie Romaine... []

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samedi 18 septembre 2010

MESSE EN LA CATHEDRALE DE WESTMINSTER

CITE DU VATICAN, 18 SEP 2010 (VIS). Ce matin, Benoît XVI s'est rendu à l'archevêché catholique où il s'est successivement entretenu avec le Premier Ministre britannique M.David Cameron, avec le Vice Premier Ministre M.Peter Clegg et avec le Leder de l'Opposition Mme Harrier Harman. Puis il a gagné vers 10 h la cathédrale de Westminster, primatiale catholique d'Angleterre et de Galles, où l'a accueilli l'Archevêque Mgr.Vincent Nichols. En 1982, Jean-Paul II y avait célébré une messe, tandis que la Reine Elisabeth II y avait assisté en 1995 à une célébration oecuménique à l'invitation du Cardinal Hume. Ce fut la première visite d'un souverain anglais dans une église catholique depuis le schisme de 1533.

  A l'homélie de cette messe votive du Précieux Sang, auquel est dédiée la cathédrale, le Saint-Père a d'abord souligné que le visiteur "ne peut qu'être frappé par le grand crucifix dominant la nef. Il représente le corps du Christ, brisé par la souffrance, accablé de chagrin, victime innocente dont la mort nous a réconciliés avec le Père et nous a permis de prendre part à la vie même de Dieu... Le sacrifice eucharistique du corps et du sang du Christ embrasse à son tour le mystère de la passion de Notre Seigneur qui se prolonge dans les membres de son Corps mystique, l'Eglise de tous les temps.. Cet aspect du mystère du Précieux Sang est rendu présent de façon très éloquente, par les martyrs de tout temps" et "se reflète aussi dans nos frères et sœurs du monde entier qui, aujourd'hui encore, subissent discrimination et persécution à cause de leur foi chrétienne. De même, il est encore présent, souvent de façon cachée, dans la souffrance de tous ces Chrétiens qui unissent chaque jour leurs sacrifices à ceux du Seigneur pour la sanctification de l'Église et la Rédemption du monde. Ma pensée va tout spécialement vers tous ceux qui sont spirituellement unis à cette célébration eucharistique, et, en particulier, vers les malades, les personnes âgées, les personnes handicapées et tous ceux qui souffrent mentalement et spirituellement".

  "De nouveau, je pense à l'immense souffrance provoquée par les abus commis sur les enfants, spécialement au sein de l'Eglise et par ses ministres. J'exprime avant tout ma profonde affliction aux victimes innocentes de ces crimes innommables, espérant que la puissance de la grâce du Christ et son sacrifice de réconciliation leur apporteront une profonde guérison et la paix. Je reconnais aussi, avec vous, la honte et l'humiliation dont nous avons tous souffert à cause de ces péchés ; et je vous invite à les offrir au Seigneur, sûrs que le châtiment contribuera à la guérison des victimes, à la purification de l'Église et à un renouveau de son engagement séculaire dans l'éducation et dans la sollicitude pour les jeunes. J'exprime ma gratitude pour les efforts qui ont été faits afin de traiter ce problème de manière responsable, et je demande à chacun d'entre vous d'apporter votre soutien aux victimes et d'être solidaires de vos prêtres".

  Rappelant que le Concile Vatican II "a parlé de façon significative du rôle indispensable des laïcs dans la mission de l'Eglise", le Saint-Père a dit que l'appel conciliaire lancé aux fidèles laïcs "se fait l'écho des intuitions et des enseignements de John Henry Newman. Que les profondes réflexions de cet anglais éminent continuent d'inspirer tous les disciples du Christ de ce pays pour qu'ils conforment leurs pensées, leurs paroles et leurs actions au Christ, et travaillent résolument à défendre ces vérités morales immuables qui, reprises, éclairées et confirmées par l'Evangile, sont à la base d'une société vraiment humaine, juste et libre. Comme notre société contemporaine a besoin de ce témoignage! Comme nous avons besoin, dans l'Église et dans la société, de témoins de la beauté de la sainteté, de témoins de la splendeur de la vérité, de témoins de la joie et de la liberté, fruits d'une relation vivante avec le Christ. L'un des plus grands défis de notre époque est de savoir comment parler avec conviction de la sagesse et de la puissance libératrice de la Parole de Dieu à un monde qui considère trop souvent l'Evangile comme une limitation de la liberté humaine, et non comme la vérité qui libère nos esprits et éclaire nos efforts pour mener une vie raisonnable et droite, à la fois comme individus et comme membres de la société".

  Puis Benoît XVI a demandé de prier afin que les catholiques de Grande-Bretagne soient "conscients de leur dignité de peuple sacerdotal, appelé à consacrer le monde à Dieu par une vie de foi et de sainteté. Et que ce zèle apostolique croissant soit accompagné d'un jaillissement de prière fervente pour les vocations au sacerdoce ordonné... Puissent de nombreux jeunes gens de ce pays trouver la force de répondre à l'appel du Maître au sacerdoce ministériel, en consacrant à Dieu leurs vies, leurs énergies et leurs talents, et ainsi édifier son peuple dans l'unité et dans la fidélité à l'Evangile, en particulier à travers la célébration du sacrifice eucharistique".

  Après la messe, le Pape a gagné le parvis de la cathédrale d'où il s'est adressé aux jeunes catholiques en rappelant le thème de sa visite, "Le cœur parle au cœur". Au fond, leur -a-t-il dit, "nous sommes créés pour l'amour...., pour recevoir l'amour. Et nous l'avons reçu... Nous sommes aussi créés pour donner de l'amour, pour en faire la source qui inspire de toutes nos actions et la réalité la plus consistante de notre existence. Par moments, cela semble si naturel, en particulier quand nous éprouvons la joie de l'amour, quand nos cœurs débordent de générosité et de zèle, du désir d'aider les autres à construire un monde meilleur. Cependant, il  arrive de nous rendre compte qu'il est difficile d'aimer car nos cœurs peuvent facilement être endurcis par l'égoïsme, l'envie et l'orgueil... Chaque jour nous devons choisir l'amour, et pour cela nous avons besoin d'être aidés, une aide qui vient du Christ, de la prière et de la sagesse trouvée dans sa parole, et de la grâce qu'il nous accorde dans les sacrements de son Eglise. C'est le message que je souhaite partager avec vous aujourd'hui. Je vous invite à chercher chaque jour dans vos cœurs la source du véritable amour. Jésus...vous appelle à prendre du temps avec lui dans la prière", ce qui "requiert de créer quotidiennement des moments de silence... Parce que c'est dans le silence que nous trouvons Dieu et c'est dans le silence que nous découvrons notre véritable moi. Et en découvrant notre véritable moi, nous découvrons la vocation spécifique à laquelle Dieu nous appelle pour l'édification de son Eglise et pour la rédemption de notre monde". Après cette intervention Benoît XVI a béni une icône en mosaïque représentant saint David, patron du Pays de Galles, puis allumé un cierge devant la statue de Notre Dame de Cardigan, vénérée dans cette région du Royaume-Uni. Enfin, avant de regagner la nonciature, il s'est brièvement entretenu avec l'Archevêque de Canterbury, qui avait assisté à la messe.
PV-ROYAUME-UNI/                                                   VIS 20100918 (1170)

COLLABORATION GRANDE-BRETAGNE SAINT-SIEGE

CITE DU VATICAN, 18 SEP 2010 (VIS). Voici le communiqué conjoint émis après la réception offerte à la délégation du Saint-Siège par le gouvernement britannique à la Lancaster House de Londres, le 17 septembre 2010.

  "Le 17 septembre, le Gouvernement de Sa Majesté a convié à une réception la délégation du Saint-Siège, menée par le Cardinal Secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, qui accompagnait le Pape Benoît XVI lors de sa visite officielle au Royaume-Uni. La délégation du Royaume-Uni était dirigée par le Ministre des Affaires Etrangères M.William Haya. Des ministres et représentants du Gouvernement britannique et des hauts fonctionnaires du Saint-Siège figuraient parmi les personnes présentes".

  "Le Gouvernement de sa Majesté et le Saint-Siège partagent le même engagement de mettre fin à la pauvreté et au sous-développement. A la veille d'un sommet à New-York qui examinera les progrès de la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire, le Saint-Siège et le Gouvernement de Sa Majesté partagent la conviction qu'il reste encore beaucoup à faire pour faire face aux souffrances inutiles causées par la faim, les maladies et l'analphabétisme. Un fort engagement politique dans le respect de l'éthique des communautés locales est nécessaire dans la promotion du droit à la vie, l'alimentation, la santé et le développement pour tous. Le Gouvernement britannique et le Saint-Siège partagent la conviction qu'il faut prendre les moyens, de façon urgente, pour faire face à la question du changement climatique. Il est nécessaire d'agir à tous les niveaux, du gouvernement à l'individu, si l'on veut rapidement réduire les émissions de gaz à effet de serre, mettre en marche le passage à une économie globale de réduction de carbone et aider les pays pauvres et vulnérables à s'adapter aux impacts inévitables du changement climatique.

  "Au cours de la rencontre, les parties ont échangé leurs points de vue sur divers questions sociales et économiques et ont reconnu le rôle essentiel joué par la foi dans la vie des individus et comme faisant partie du tissu d'une société forte, généreuse et tolérante. La visite du Pape a été l'occasion d'engager un échange plus profond d'opinions entre le Saint-Siège et le Gouvernement du Royaume-Uni. La rencontre de ce soir a constitué une base utile en vue, pour les deux parties, de poursuivre avec des initiatives et des discussions sur les secteurs d'intérêts communs au Royaume-Uni et au Saint-Siège".
PV-ROYAUME-UNI/                                             VIS 20100918 (400)

VEPRES OECUMENIQUE A WESTMINSTER

CITE DU VATICAN, 17 SEP 2010 (VIS). A 19 h Benoît XVI est arrivé l'Abbaye de Westminster, lieu du couronnement et de la sépulture des rois d'Angleterre, pour participer à des vêpres oecuméniques. La première église dédiée à saint Pierre au VIII siècle devint monastère bénédictin en 960, qui bénéficia des largesses des souverains, notamment d'Edouard II le Confesseur. Il fut sécularisé à la suite de l'acte de suprématie de 1534 par lequel Edouard VIII sépara l'Eglise d'Angleterre de l'Eglise catholique. Depuis lors co-cathédrale du Primat anglican, elle abrite nombre de tombeaux royaux et de sépultures de personnages illustres. Accompagné de l'Archevêque de Canterbury et de l'Archevêque de Westminster, le Pape a été présenté au chapitre par le Doyen, puis s'est incliné sur la tombe du Soldat inconnu. Après une prière pour la paix en ce 70 anniversaire de la Bataille d'Angleterre, il a salué les représentants des autres confessions chrétiennes, puis gagné en procession avec eux l'autel majeur. A la fin des vêpres, après un bref discours de l'Archevêque Rowan Williams, il s'est adressé à l'assemblée:

  "Je remercie le Seigneur de cette occasion de vous rencontrer, vous qui représentez les confessions chrétiennes présentes en Grande-Bretagne, dans cette magnifique église abbatiale dédiée à saint Pierre, dont l'architecture et l'histoire évoquent avec tant d'éloquence le patrimoine commun de notre foi. Ici, nous ne pouvons que nous souvenir avec admiration de la façon dont la foi chrétienne a influencé l'unité et la culture de l'Europe ainsi que le cœur et l'esprit du peuple anglais. Ici aussi, il nous est rappelé avec force que ce que nous partageons, dans le Christ, est plus grand que ce qui continue de nous diviser". Rappelant ensuite que c'est "le centième anniversaire du mouvement œcuménique moderne, inauguré par l'appel de la Conférence d'Edimbourg en faveur de l'unité des chrétiens", le Pape a dit que l'unité est "la condition préalable à un témoignage crédible et convainquant de l'Evangile. En commémorant cet anniversaire, nous devons rendre grâce pour l'extraordinaire progrès fait pour atteindre ce grand but grâce aux efforts convaincus de chrétiens de toutes dénominations. En même temps, cependant, nous sommes conscients de tout ce qu'il reste encore à faire. Dans un monde marqué par une interdépendance et une solidarité croissantes, nous devons relever le défi de proclamer avec une conviction renouvelée la réalité de notre réconciliation et de notre libération en Christ, et de proposer la vérité de l'Evangile comme la clef d'un développement humain authentique et intégral... Notre engagement en faveur de l'unité des chrétiens -a-t-il poursuivi- est né bel et bien de notre foi en Christ.... C'est la réalité de la personne du Christ, son œuvre de salut et surtout le fait historique de sa résurrection, qui forment le contenu du kérygme apostolique ainsi que ces formulations de la foi qui, en commençant par le Nouveau Testament lui-même, ont garanti l'intégrité de sa transmission. L'unité de l'Eglise, en un mot, ne peut jamais être autre qu'une unité dans la foi des apôtres, dans la foi confiée à chaque nouveau membre du Corps du Christ durant le rite du baptême. C'est cette foi qui nous unit dans le Seigneur..., modèle de la Koinonia de l'Eglise ici-bas".

  "Nous avons tous en mémoire les défis, les bénédictions, les déceptions et les signes d'espérance qui ont marqué notre cheminement œcuménique... Nous savons que les amitiés que nous avons bâties, le dialogue que nous avons commencé et l'espérance qui nous anime nous donneront l'énergie et nous indiqueront le chemin tandis que nous avançons ensemble avec persévérance. En même temps, avec un réalisme évangélique, nous devons aussi reconnaître les défis que nous avons à affronter, non seulement tout au long du chemin de l'unité des chrétiens, mais aussi dans la tâche qui nous incombe d'annoncer le Christ aujourd'hui. La fidélité à la Parole de Dieu, précisément parce que c'est une Parole vraie, exige de nous une obéissance qui nous amène ensemble à une compréhension plus profonde de la volonté du Seigneur, obéissance qui doit être libérée de tout conformisme intellectuel ou d'une adaptation facile à l'esprit du monde... Rassemblés, dans cette antique église monastique, nous pouvons rappeler l'exemple d'un grand homme anglais et homme d'Eglise que nous honorons en commun, saint Bède le Vénérable. A l'aube d'une ère nouvelle dans la vie de la société et de l'Eglise, Bède a compris à la fois l'importance de la fidélité à la Parole de Dieu telle qu'elle a été transmise par la tradition apostolique, et la nécessité d'une ouverture créative aux nouveaux développements et aux exigences d'une implantation solide de l'Evangile dans le langage et la culture modernes... Puisse l'exemple de ce saint inspirer les chrétiens de ce pays pour qu'ils redécouvrent l'héritage qu'ils partagent, pour qu'ils fortifient ce qu'ils ont en commun, et qu'ils consolident leurs liens d'amitié. Puisse le Seigneur bénir nos efforts pour remédier aux séparations du passé et pour affronter les défis actuels, dans l'espérance en l'avenir". Après la cérémonie, Benoît XVI a regagné la nonciature apostolique.
PV-ROYAUME-UNI/                                                    VIS 20100918 (840)

VISITE AU PARLEMENT

CITE DU VATICAN, 17 SEP 2010 (VIS). A 17 h 15, dans le Westminster Hall, la salle de réception la plus ancienne du Parlement britannique, le Pape s'est adressé aux deux chambres, au corps diplomatique et aux représentants de la société civile et culturelle. Remerciant de l'accueil le Lord Speaker et le Speaker de la Chambre des Communes, il a dit penser tout d'abord, "en cette enceinte chargée d'histoire, aux hommes et aux femmes innombrables des siècles passés ayant joué un rôle important en des événements marquants" de l'histoire anglaise, en particulier saint Thomas More, "intellectuel et homme d'Etat de grande envergure, qui est admiré aussi bien par les croyants que par les non-croyants pour l'intégrité avec laquelle il a suivi sa conscience, fusse au prix de déplaire au souverain dont il était le fidèle serviteur, et cela parce qu'il avait choisi de servir Dieu avant tout. Le dilemme que More a dû affronter en des temps difficiles, l'éternelle question du rapport entre ce qui est dû à César et ce qui est dû à Dieu, m'offre l'opportunité de réfléchir brièvement avec vous sur la juste place de la croyance religieuse à l'intérieur de la vie politique.. Les questions fondamentales qui étaient en jeu dans le procès de Thomas More, continuent à se présenter, même si c'est de manière différente, à mesure qu'apparaissent de nouvelles conditions sociales. Chaque génération, en cherchant à faire progresser le bien commun, doit à nouveau se poser la question: quelles sont les exigences que des gouvernements peuvent raisonnablement imposer aux citoyens, et jusqu'où cela peut-il aller? En faisant appel à quelle autorité les dilemmes moraux peuvent-ils être résolus? et le bien commun promu? Ces questions nous mènent directement aux fondements éthiques du discours civil. Si les principes moraux qui sont sous-jacents au processus démocratique ne sont eux-mêmes déterminés par rien de plus solide qu'un consensus social, alors la fragilité du processus ne devient que trop évidente. Là est le véritable défi pour la démocratie".

  "L'inaptitude des solutions pragmatiques, à court terme, devant les problèmes sociaux et éthiques complexes a été amplement démontrée par la récente crise financière mondiale. Il existe un large consensus pour reconnaître que le manque d'un solide fondement éthique de l'activité économique a contribué aux graves difficultés qui éprouvent des millions de personnes à travers le monde entier. De même que toute décision économique a une conséquence de caractère moral, ainsi, dans le domaine politique, la dimension éthique a des conséquences de longue portée qu'aucun gouvernement ne peut se permettre d'ignorer... La question centrale qui se pose est celle-ci: où peut-on trouver le fondement éthique des choix politiques? La tradition catholique soutient que les normes objectives qui dirigent une action droite sont accessibles à la raison, même sans le contenu de la Révélation. Selon cette approche, le rôle de la religion dans le débat politique" est "d'aider à purifier la raison et de donner un éclairage pour la mise en œuvre de celle-ci dans la découverte de principes moraux objectifs... Sans le correctif apporté par la religion, d'ailleurs, la raison aussi peut tomber dans des distorsions, comme lorsqu'elle est manipulée par l'idéologie, ou lorsqu'elle est utilisée de manière partiale si bien qu'elle n'arrive plus à prendre totalement en compte la dignité de la personne humaine. C'est ce mauvais usage de la raison qui, en fin de compte, fut à l'origine du trafic des esclaves et de bien d'autres maux sociaux dont les idéologies totalitaires du XX siècle ne furent pas les moindres. C'est pourquoi, je voudrais suggérer que le monde de la raison et de la foi, le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse reconnaissent qu'ils ont besoin l'un de l'autre, qu'ils ne doivent pas craindre d'entrer dans un profond dialogue permanent, et cela pour le bien de notre civilisation".

  "La religion, en d'autres termes, n'est pas un problème que les législateurs doivent résoudre, mais elle est une contribution vitale au dialogue national. Dans cette optique, je ne puis que manifester ma préoccupation devant la croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s'installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l'accent sur la tolérance. Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D'autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n'en ont pas. Et d'autres encore soutiennent paradoxalement que les chrétiens qui ont des fonctions publiques devraient être obligés en certains cas d'agir contre leur conscience. Ce sont là des signes inquiétants de l'incapacité d'apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion, mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique. Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d'influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d'encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale. Votre disponibilité en ce sens est déjà manifeste par l'invitation exceptionnelle que vous m'avez offerte aujourd'hui. Et elle trouve aussi une expression dans les questions sur lesquelles votre Gouvernement a engagé un dialogue avec le Saint-Siège", à la recherche notamment de nouveaux moyens de promouvoir le respect de l'environnement. "Ces dernières années des signes encourageants ont pu être observés de par le monde concernant un souci plus grand de solidarité avec les pauvres. Mais pour que cette solidarité s'exprime en actions effectives, il est nécessaire de repenser les moyens qui amélioreront les conditions de vie dans de nombreux domaines, allant de la production alimentaire, à l'eau potable, à la création d'emplois, à l'éducation, au soutien des familles, spécialement les migrants, et aux soins médicaux de base. Là où des vies humaines sont en jeu, le temps est toujours court... Il ne peut être mis en doute que le développement humain intégral des peuples du monde n'est pas moins important. Voilà bien une entreprise qui mérite l'attention du monde, et qui est véritablement " trop importante pour être vouée à l'échec".

  Puis le Saint-Père s'est félicité de la coopération entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège, qui "montre bien tout les progrès qui ont été accomplis, au long des années qui se sont écoulées depuis l'établissement de relations diplomatiques bilatérales, afin de promouvoir, à travers le monde, les nombreuses valeurs fondamentales que nous partageons. J'espère et je prie pour que ces relations continuent à être fructueuses, et pour qu'elles se reflètent dans une acceptation croissante du besoin de dialogue et de respect à tous les niveaux de la société entre le monde de la raison et le monde de la foi. Je suis convaincu que, dans ce pays également, il y a de nombreux domaines où l'Eglise et les autorités civiles peuvent travailler ensemble pour le bien général... Afin que cette coopération soit possible, les communautés religieuses ainsi que les institutions liées à l'Eglise catholique, ont besoin d'être libres pour agir en accord avec leurs propres principes et leurs convictions spécifiques basés sur la foi et l'enseignement officiel de l'Église. Ainsi, ces droits fondamentaux que sont la liberté religieuse, la liberté de conscience et la liberté d'association, seront garantis".
PV-ROYAUME-UNI/                                           VIS 20100918 (1220)

COMMUNIQUE COMMUN

CITE DU VATICAN, 17 SEP 2010 (VIS). Voici le communiqué commun diffusé à la suite  de la rencontre de ce soir entre Benoît XVI et l'Archevêque de Canterbury:

  "Cinquante ans après la première rencontre du Pape et de l'Archevêque de Canterbury, celle du Pape Jean XXIII et de l'Archevêque Geoffrey Fisher, en décembre 1960, Benoît XVI a rendu une visite fraternelle à l'Archevêque Rowan Williams. Au début de leur rencontre tous deux se sont adressés aux évêques diocésains anglicans et catholiques d'Angleterre, d'Ecosse et du Pays de Galles, avant de poursuivre leur rencontre en privé. Au cours de cette conversation, ils ont évoqué de nombreux sujets de préoccupation commune aux anglicans et aux catholiques. Ils ont affirmé la nécessité de proclamer le message évangélique de salut en Jésus-Christ, de façon raisonnée et convaincante à notre époque contemporaine de profonde transformation culturelle et sociale, avec une vie de sainteté et de transparence de Dieu. Ils ont aussi souligné l'importance d'améliorer les relations œcuméniques et de continuer le dialogue théologique face aux nouveaux défis en vue de l'unité de la communauté chrétienne et au-delà".

  "Le Saint-Père et Sa Grâce ont réaffirmé l'importance de poursuivre le dialogue théologique sur la notion d'Eglise comme communion, locale et universelle, et sur les implications de ce concept pour le discernement de l'enseignement éthique. Ils ont réfléchi ensemble sur la situation sérieuse et difficile des chrétiens du Proche-Orient et ont lancé un appel à la prière à tous les chrétiens pour leurs frères et sœurs et à soutenir leur perpétuel témoignage de paix en Terre Sainte. Ils ont aussi évoqué, dans le fil de leurs dernières interventions publiques, la nécessité d'encourager un engagement solide et généreux dans le domaine de la justice et de la paix, spécialement envers les pauvres, tout en pressant les dirigeants internationaux à lutter contre la faim et les maladies Après leur rencontre, ils se sont rendus ensemble au Palais de Westminster et en l'Abbaye de Westminster pour des vêpres oecuméniques".
OP/                                                    VIS 20100918 (330)

RENCONTRE AVEC L'ARCHEVEQUE DE CANTERBURY

CITE DU VATICAN, 18 SEP 2010 (VIS). Hier vers 17 h, le Saint-Père s'est rendu en voiture à Lambeth Palace, résidence officielle du Primat de l'Eglise anglicane, qui conserve notamment les archives médiévales de l'Eglise d'Angleterre. L'Eglise anglicane est née en 1533 de la séparation de l'Eglise d'Angleterre de l'Eglise catholique. Ses deux provinces de Canterbury et de York regroupent 43 diocèses, 25 millions de fidèles (43 % de la population du Royaume-Uni). La Reine Elisabeth en est le chef et l'Archevêque de Canterbury le primat. Les deux archevêques, ainsi que 24 autres prélats anglicans, appartiennent à la Chambre des Lords. La Communion anglicane compte en outre 80 millions de fidèles répartis dans 164 pays et en 38 provinces ecclésiastiques. Benoît XVI a été accueilli par l'Archevêque Primat Rowan Williams, entouré de l'Archevêque de York, du Primat d'Ecosse, de l'Archevêque de Galles, des évêques de Londres et Winchester, ainsi que de plusieurs évêques catholiques du Royaume-Uni. Puis il a visité l'exposition retraçant les quatre siècle de la bibliothèque de Lambeth Palace, et a répondu au discours de son hôte:

   Votre Grâce, "vous venez d'évoquer la rencontre historique qui s'est tenue, il y a presque trente ans entre deux de nos prédécesseurs, le Pape Jean-Paul II et l'Archevêque Robert Runcie , en la cathédrale de Canterbury... Je n'ai pas l'intention de parler des difficultés que les chemins de l'œcuménisme...mais m'unir à vous pour rendre grâce pour la profonde amitié qui s'est développée entre nous et pour les progrès remarquables qui ont été accomplis en de nombreux aspects du dialogue au long des quarante dernières années... Le contexte dans lequel le dialogue s'établit entre la Communion anglicane et l'Eglise catholique, a évolué de manière spectaculaire depuis l'audience privée qui eut lieu entre le Pape Jean XXIII et l'Archevêque John Fisher en 1960. D'une part, la culture ambiante s'éloigne toujours davantage de ses racines chrétiennes, en dépit d'une faim profonde de nourriture spirituelle ressentie par beaucoup. D'autre part, la dimension multiculturelle de la société, qui ne cesse de s'accentuer et qui est particulièrement marquée dans votre pays, donne l'occasion de rencontrer d'autres religions. Pour nous, chrétiens, cela ouvre la possibilité d'explorer, avec des membres d'autres traditions religieuses, les moyens de témoigner de la dimension transcendante de la personne humaine et de l'appel universel à la sainteté... La coopération œcuménique, pour cette mission, reste essentielle et portera certainement des fruits en faveur de la paix et de l'harmonie dans un monde qui, si souvent, semble au bord de l'éclatement".

  "En même temps, nous chrétiens, nous ne devons jamais hésiter à proclamer notre foi dans l'unique salut qui nous vient du Christ, et à rechercher ensemble à avoir une perception plus profonde des moyens qu'il a mis à notre disposition pour accéder à ce salut. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, et cette vérité n'est pas autre chose que Jésus Christ... Pour être fidèles à la volonté du Seigneur..., nous reconnaissons que l'Eglise est appelée à être compréhensive, jamais toutefois au détriment de la vérité chrétienne. D'où le dilemme auquel sont confrontés tous ceux qui sont engagés de manière authentique sur les chemins de l'œcuménisme". Benoît XVI a alors évoqué la figure de John Henry Newman, "dont la vision ecclésiale fut nourrie par la tradition anglicane et s'est approfondie durant ses nombreuses années d'exercice du ministère sacerdotal dans l'Eglise d'Angleterre. Il peut nous enseigner les vertus que l'œcuménisme exige, d'une part suivre sa conscience était un impératif, même au prix de grands sacrifices personnels, et d'autre part, la cordialité de l'amitié sans faille avec ses collègues d'antan, qui le conduisit à explorer avec eux...les questions sur lesquelles ils différaient, en privilégiant le désir profond de l'unité de la foi. Dans ce même esprit d'amitié, puissions-nous renouveler notre détermination à poursuivre le but de l'unité dans la foi, l'espérance et l'amour, selon la volonté de notre unique Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ!". Après cette visite, le Pape a gagné en papamobile le Westminster Hall.
PV-ROYAUME-UNI/                                             VIS 20100918 (780)
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