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samedi 15 septembre 2012

LA FOI ADMIRABLE DES CHRETIENS DU MOYEN ORIENT

Cité du Vatican, 15 septembre 2012 (VIS). Hier après-midi, le Pape s'est rendu en la basilique melkite de St-Paul de Harissa, pour y signer l'exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente. Cette église est flanquée d'un grand séminaire, d'un collège supérieur arabe d'étude de l'Ecriture et des textes du magistère et, depuis 1909 de la société rénovée des Missionnaires de saint Paul. Après l'accueil de SB le Patriarche Gregorios III Laham, le chant byzantin d'entrée et la vénération des icônes, une présentation du Secrétaire général du Synode des évêques Mgr.Nikola Eterović, un chant maronite et les lectures du jour, Benoît XVI a salué les divers patriarches et les évêques orientaux comme latins, ainsi que les délégations orthodoxe, musulmane et druze, celles du monde de la culture et de la société civile. Il a salué affectueusement la communauté melkite dont la "présence solennise la signature de l’exhortation apostolique, et témoigne que ce document, destiné à l’Eglise universelle, revêt une importance particulière pour l’ensemble du Moyen Orient... La juste coexistence entre islam et christianisme, deux religions qui ont développé de grandes cultures, est une originalité du Liban. On ne peut que se réjouir d'une réalité socio-politique et religieuse qu'il faut raviver. C'est le voeu que je confie à tous les responsables de ce pays".

Il est providentiel, a poursuivi le Pape, "que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 335, au lendemain de la dédicace de la Basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le Saint Sépulcre, par l’empereur Constantin-le-Grand, que vous vénérez comme un saint. Dans un mois sera fêté le 1.700 anniversaire de l’apparition qui lui fit voir dans la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, tandis qu’une voix lui disait: Par ce signe, tu vaincras!... Il me semble que l’exhortation post-synodale peut être lue et interprétée à la lumière de la fête de la Ste.Croix, et plus particulièrement à la lumière du chrisme, le X et le P, des deux premières lettres du mot Χριστός. Une telle lecture conduit à une véritable redécouverte de l’identité du baptisé et de l’Eglise, et elle constitue en même temps comme un appel au témoignage dans et par la communion. La communion et le témoignage chrétiens ne sont-ils pas fondés sur le mystère pascal, sur la crucifixion, la mort et la résurrection du Christ? N’y trouvent-ils pas leur accomplissement plénier? Il existe un lien inséparable entre la Croix et la Résurrection qui ne peut pas être oublié par le chrétien. Sans ce lien, exalter la Croix signifierait justifier la souffrance et la mort pour ne voir en eux qu’une fin fatale. Pour un chrétien, exalter la Croix veut dire communier à la totalité de l’amour inconditionnel de Dieu pour l’homme. C’est poser un acte de foi. Exalter la croix, dans la perspective de la Résurrection, c’est désirer vivre et manifester la totalité de cet amour. C’est poser un acte d’amour ! Exalter la Croix conduit à s’engager à être des hérauts de la communion fraternelle et ecclésiale, source du véritable témoignage chrétien. C’est poser un acte d’espérance! En se penchant sur la situation des Eglises du Moyen Orient, les Pères synodaux ont pu réfléchir sur les joies et les peines, les craintes et les espoirs des disciples du Christ vivant en ces lieux. Toute l’Eglise a pu ainsi entendre le cri anxieux et percevoir le regard désespéré de tant d’hommes et de femmes qui se trouvent dans des situations humaines et matérielles délicates. Ces personnes, qui vivent de fortes tensions dans la peur et l’inquiétude, veulent suivre le Christ qui donne sens à leur existence. Mais ils s’en trouvent souvent empêchés... Chers chrétiens du Moyen Orient, comment ne pas louer Dieu pour votre courage dans la foi? Comment ne pas le remercier pour la flamme de son amour infini que vous continuez à maintenir vive et ardente en ces lieux qui ont été les premiers à accueillir son Fils incarné? Comment ne pas lui chanter notre reconnaissance pour les élans de communion ecclésiale et fraternelle, pour la solidarité humaine sans cesse manifestée envers tous les enfants de Dieu?".

Ecclesia in Medio Oriente, a ajouté Benoît XVI, "permet de repenser le présent pour envisager l’avenir avec le regard même du Christ. Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisés, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel. Suivre le Christ dans un contexte difficile et quelquefois douloureux pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse. C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division. A la lumière de la fête d’aujourd’hui et en vue d’une application fructueuse de l’exhortation, je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi. Tel est le langage de la Croix glorieuse, telle est la folie de la Croix, qui est de convertir nos souffrances en cri d’amour envers Dieu mais aussi de miséricorde envers le prochain, de savoir aussi transformer des êtres attaqués et blessés dans leur foi et leur identité, en vases d’argile prêts à être comblés par l’abondance des dons divins plus précieux que l’or. Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Eglises à refléter la beauté de la première communauté des croyants... Ecclesia in Medio Oriente offre des éléments qui peuvent aider à un examen de conscience personnel et communautaire, à une évaluation objective de l’engagement et du désir de sainteté de chaque disciple du Christ. L’exhortation ouvre au véritable dialogue inter-religieux basé sur la foi au Dieu Un et Créateur. Elle veut aussi contribuer à un œcuménisme plein de ferveur humaine, spirituelle et caritative, dans la vérité et l’amour évangéliques... Dans toutes ses composantes, l’exhortation voudrait aider chaque disciple du Seigneur à vivre pleinement et à transmettre réellement ce qu’il est devenu par le baptême...à devenir un être illuminé par Dieu, une lampe nouvelle dans l’obscurité troublante du monde...afin que dans des ténèbres resplendissent la lumière. Ce document veut contribuer à dépouiller la foi de ce qui l’enlaidit, de tout ce qui peut obscurcir la splendeur de la lumière du Christ. La communion est alors une adhésion véritable au Christ, et le témoignage est un rayonnement du mystère pascal qui donne un sens plénier à la Croix glorieuse... Sois sans crainte, petit troupeau et souviens-toi de la promesse faite à Constantin: Par ce signe, tu vaincras! Eglises au Moyen Orient, soyez sans crainte, car le Seigneur est vraiment avec vous jusqu’à la fin du monde. Soyez sans crainte, car l’Eglise universelle vous accompagne par sa proximité humaine et spirituelle. C’est dans ces sentiments d’espérance et d’encouragement à être des protagonistes actifs de la foi par la communion et le témoignage, que dimanche je confierai l’exhortation post-synodale Ecclesia in Medio Oriente à mes vénérés frères les patriarches, les archevêques et évêques, à tous les prêtres, aux diacres, aux religieux et aux religieuses, aux séminaristes et aux fidèles laïcs. Gardez courage! Par l’intercession de la Vierge Marie, la Theotókos, j’invoque avec grande affection l’abondance des dons divins sur vous tous. Puisse Dieu accorder à tous les peuples du Moyen Orient de vivre dans la paix, la fraternité et la liberté religieuse!".

SYNTHESE DE "ECCLESIA IN MEDIO ORIENTE"

Cité du Vatican, 15 septembre 2012 (VIS). Voici la synthèse de l'exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, rendue publique hier après-midi à Beyrouth (Liban). Il s'agit du document élaboré par Benoît XVI sur la base des 44 propositions finales du Synode spécial pour le Moyen Orient qui s’est déroulé au Vatican du 10 au 26 octobre 2010 (L’Eglise catholique au Moyen Orient. Communion et témoignage. La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme). Le texte est divisé en trois parties, plus une introduction et une conclusion.

"INTRODUCTION

L’exhortation invite l’Eglise catholique au Moyen Orient à revivifier la communion en son sein, en regardant aux “fidèles natifs” qui appartiennent aux Eglises orientales catholiques sui iuris et en s’ouvrant au dialogue avec les juifs et les musulmans. Il s’agit d’une communion, d’une unité à rejoindre dans la diversité des contextes géographiques, religieux, culturels et socio-politiques du Moyen Orient. En même temps, Benoît XVI renouvelle son appel à conserver le patrimoine religieux et les rites des Eglises orientales, trésors pour l’ensemble de l’Eglise du Christ.

PREMIERE PARTIE

Le Contexte. Avant tout, le Pape invite à ne pas oublier les chrétiens qui vivent au Moyen Orient et qui apportent une contribution noble et authentique à la construction du Corps mystique du Christ. Puis, en décrivant la situation de la région et des peuples qui y vivent, il évoque tant de drames, avec tant de morts, victimes de l’aveuglement humain, mais aussi la peur et les humiliations, comme s’il n’existait aucun frein au crime de Caïn. Sans entrer dans les détails, le texte rappelle que les positions du Saint-Siège concernant les différents conflits dans la région et le statut de Jérusalem et des Lieux Saints sont largement connues. Il lance enfin un appel à la conversion, à la paix, comprise non comme une simple absence de conflit mais comme une paix intérieure liée à la justice, au dépassement de toutes les distinctions de race, de sexe et de classe, afin que le pardon soit vécu dans le contexte privé et communautaire.

La vie chrétienne et l'œcuménisme. Ce chapitre est un appel en faveur de l’unité œcuménique, qui n’est pas l’uniformité des traditions et des célébrations. Dans un contexte politique difficile, instable et actuellement enclin à la violence comme celui du Moyen Orient, l’Eglise s’est développée de façon multiforme, avec des communautés de tradition antique et d'autres plus récentes. Il s’agit d’une mosaïque qui requiert un effort considérable afin de renforcer le témoignage chrétien. Dans le sillage du Concile Vatican II, le Pape invite à l’œcuménisme spirituel, à une communion comprise non comme une confusion, mais comme une reconnaissance et un respect de l’autre. En même temps, l’exhortation souligne l’importance du travail théologique, aussi bien des différentes commissions œcuméniques que des communautés ecclésiales, afin qu'en ligne avec la doctrine de l’Eglise elles parlent d’une seule voix au sujet des grandes questions morales (famille, sexualité, bioéthique, liberté, justice et paix). L’œcuménisme diaconal est également important, aussi bien au niveau caritatif qu’éducatif. Figurent ensuite quelques propositions pour une pastorale œcuménique d’ensemble. Parmi celles-ci, il y a l’application de l’ouverture conciliaire vers un certaine Communicatio in sacris (à savoir la possibilité pour les chrétiens d’accéder aux sacrements dans une Eglise différente de la leur) pour les sacrements de la pénitence, de l’eucharistie et de l’onction des infirmes. Le Pape se dit, en outre, certain de pouvoir trouver un accord sur une traduction commune du Pater dans les langues locales de la région.

Le dialogue interreligieux. En rappelant les liens historiques et spirituels que les chrétiens ont avec les juifs et les musulmans, l’exhortation rappelle que le dialogue interreligieux...n’est pas tant celui qui est dicté par des considérations pragmatiques d’ordre politique ou social, mais se base avant tout sur les fondements théologiques de la foi: juifs, chrétiens et musulmans croient en un Dieu unique et le souhait est donc qu’ils puissent reconnaître dans un autre croyant un frère à aimer et à respecter, en évitant une instrumentalisation de la religion pour des conflits injustifiables pour un croyant authentique. En ce qui concerne, en particulier, le dialogue judéo-chrétien, le Pape rappelle le patrimoine spirituel commun, fondé sur la Bible, qui ramène aux “racines judaïques du christianisme. Il invite les chrétiens à prendre conscience du mystère de l’Incarnation de Dieu et condamne les injustifiables persécutions du passé. Pour les musulmans, Benoît XVI emploie la Parole “estime” et ajoute “dans la fidélité à l’enseignement du Concile Vatican II”; il regrette, toutefois, le fait que les différences doctrinales aient servi de prétexte aux uns et aux autres pour justifier, au nom de la religion, des pratiques d’intolérance, de discrimination, de marginalisation et de persécution. L’exhortation met ensuite en évidence le fait que la présence des chrétiens au Moyen Orient n’est ni nouvelle ni fortuite, mais historique. Partie intégrante de la région, ils ont entamé une symbiose particulière avec la culture environnante et, avec les juifs et les musulmans, ils ont contribué à la formation d’une culture riche, propre à cette région du monde.

En ce qui concerne les catholiques de la région, le texte met en évidence que ces derniers, citoyens natifs du Moyen Orient, ont le droit et le devoir de participer pleinement à la vie civile et ne doivent pas être traités comme des citoyens de seconde classe. Le Pape affirme que la liberté religieuse, somme de toutes les libertés, sacrée et inaliénable, inclut la liberté de choisir la religion que l’on considère comme véritable et de manifester publiquement son propre credo et ses symboles, sans pour autant mettre en danger sa propre vie et sa propre liberté personnelle. Dans le domaine religieux, la force et les contraintes sont inadmissibles. D’où l’invitation à passer de la tolérance à la liberté religieuse, ce qui n’implique pas une porte ouverte au syncrétisme, mais une reconsidération du rapport anthropologique avec la religion et avec Dieu.

Deux nouvelles réalités: L’exhortation met l’accent sur la laïcité, avec ses formes parfois extrêmes, et sur le fondamentalisme violent qui revendique une origine religieuse. La laïcité dans sa forme extrême devient sécularisme, refuse au citoyen le droit à l’expression publique de sa propre religion et prétend que seul l’État peut réglementer cet aspect. Il s’agit d’anciennes théories, qui ne sont plus exclusivement occidentales, et ne sont pas non plus à confondre avec le christianisme. La laïcité saine implique au contraire une distinction et une collaboration entre la politique et la religion, dans un respect réciproque. Elle garantit à la politique de pouvoir œuvrer sans exploiter la religion, et à la religion de pouvoir vivre sans les lourdeurs des intérêts politiques. Le fondamentalisme religieux, qui grandit dans un climat d’incertitude socio-politique, grâce à des manipulations et à une insuffisante compréhension de la religion de la part de certains, veut prendre le pouvoir, parfois avec la violence, sur la conscience des personnes et sur la religion, pour des raisons politiques. C’est pour cela que le Pape lance un appel urgent à tous les responsables religieux du Moyen Orient, afin qu’ils tentent, par tous les moyens d'éradiquer une menace qui touche sans distinction les croyants de toutes les religions.

Les migrants: Le Pape affronte une question cruciale, à savoir celle de l’exode des chrétiens (une vraie hémorragie), qui se trouvent dans une position délicate, parfois sans espoir, et ressentent des conséquences négatives des conflits, se sentant parfois humiliés, malgré leur participation au cours des siècles à la construction des pays respectifs. Un Moyen Orient sans ou avec peu de chrétiens n’est plus le Moyen Orient. C’est pour cela que le Pape demande aux dirigeants politiques et aux responsables religieux d’éviter des politiques et des stratégies tendant à une région monochrome, qui ne reflète pas sa réalité humaine et historique. Benoît XVI invite ensuite les pasteurs des Eglises orientales catholiques à aider leurs prêtres et leurs fidèles dans la diaspora à rester en contact avec leurs familles et leurs Eglises, et exhorte les pasteurs des circonscriptions ecclésiastiques qui recueillent les catholiques orientaux à leur donner la possibilité de célébrer chacun selon leur propre tradition. Le chapitre affronte également la question des travailleurs immigrés, souvent des catholiques de rite latin, en provenance d’Afrique, d’Extrême Orient et du sous-continent indien, qui font trop souvent l’expérience de situations de discrimination et d’injustice. L’appel aux gouvernements des pays d’accueil afin qu’ils respectent et défendent les droits de ces migrants est donc tout à fait central.

DEUXIEME PARTIE

Cette partie s’adresse à certaines des principales catégories constitutives de l’Eglise catholique:

Les patriarches orientaux: Responsables des Eglises sui iuris, en union parfaite avec l’Evêque de Rome, ils rendent tangible l’universalité et l’unité de l’Eglise et, en signe de communion, ils sauront renforcer l’union et la solidarité dans le cadre du Conseil des Patriarches catholiques d’Orient et des Synodes patriarcaux, en privilégiant toujours la concertation en ce qui concerne les questions fondamentales pour l’Eglise.

Les évêques: signe visible de l’unité dans la diversité de l’Eglise comprise comme corps dont le Christ est le chef, ils sont les premiers à être envoyés dans toutes les nations afin de faire des disciples. Ils doivent annoncer avec courage et défendre avec fermeté l’intégrité et l’unité de la foi, dans ces situations difficiles qui ne font malheureusement jamais défaut au Moyen Orient. Les évêques sont aussi invités à une gestion saine, honnête et transparente des biens temporaires de l’Eglise et, à ce propos, le Pape rappelle que les pères synodaux ont demandé une sérieuse révision des finances et des biens, afin d’éviter toute confusion, entre les biens personnels et ceux de l’Eglise. Les évêques devront, en outre, veiller afin d’assurer aux prêtres un juste soutien, afin qu’ils ne se perdent pas en questions matérielles. L’aliénation des biens de l’Église doit strictement respecter les normes canoniques et les dispositions pontificales en vigueur. Il encourage enfin les évêques à soigner, dans le sens pastoral du terme, tous les fidèles chrétiens, indépendamment de leur nationalité ou de leur origine ecclésiale.

Les prêtres et séminaristes: Le document rappelle que les prêtres doivent éduquer le Peuple de Dieu à la construction d’une civilisation de l’amour évangélique et de l’unité, et cela exige une transmission approfondie de la Parole de Dieu, de la tradition et de la doctrine de l’Eglise, tout comme un renouveau intellectuel et spirituel de ces mêmes prêtres. Dans cette optique, le célibat, don inestimable de Dieu à l’Eglise, est aussi important que le ministère des prêtres mariés de la tradition orientale. En tant que serviteurs de la communion, les prêtres et les séminaristes doivent offrir un témoignage courageux et privé de toute ombre, ils doivent avoir une conduite irréprochable, et doivent s’ouvrir à la diversité culturelle de leurs Eglises (en apprenant, par exemple, leurs langues et leurs cultures), ainsi qu’à la diversité ecclésiale et au dialogue œcuménique et inter-religieux.

La vie consacrée: Le monachisme, dans ses différentes formes, qui est né au Moyen Orient et à la base de certaines Eglises sui iuris... Quel que soit le statut canonique de leurs congrégations religieuses, les consacrés devront, en outre, collaborer avec l’évêque dans l’activité pastorale et missionnaire. Ils sont ensuite invités à méditer et à observer les conseils évangéliques (chasteté, pauvreté et obéissance). Il ne peut y avoir de régénération spirituelle, des fidèles, des communautés et de l’Eglise toute entière, sans un clair et net retour à la recherche de Dieu.

Les laïcs: En tant que membres du Corps du Christ grâce au baptême, et donc pleinement associés à la mission de l’Église universelle, le Pape confie aux laïcs le devoir de promouvoir – dans le domaine temporel qui leur est propre – une saine gestion des biens publics, la liberté religieuse et le respect de la dignité de chacun. Ils sont également invités à faire preuve d’audace dans la cause du Christ. Afin que leur témoignage porte véritablement ses fruits, les laïcs devront toutefois surpasser les divisions et toutes les interprétations subjectives de la vie chrétienne.

La famille: Institution divine fondée sur le sacrement indissoluble du mariage entre un homme et une femme (l’amour conjugal est le projet patient de toute une vie), la famille est aujourd’hui exposée à de nombreux dangers... La famille chrétienne doit être soutenue dans ses problèmes et dans ses difficultés, et elle doit examiner son identité la plus profonde, afin qu’elle soit avant tout Eglise domestique qui éduque à la prière et à la foi, pépinière de vocations, école naturelle de vertus et de valeurs éthiques, cellule base de la société. L’exhortation donne amplement d’espace à la question de la femme au Moyen Orient et à la nécessité qu’il y ait une égalité avec l’homme, face aux discriminations qu’elle doit subir et qui offensent gravement non seulement la femme elle-même, mais aussi et surtout Dieu. Le Pape affirme que les femmes doivent s’efforcer de participer à la vie publique et ecclésiale. Concernant les différents d’ordre juridique dans les matières matrimoniales, la voix de la femme doit être écoutée sur un pied d’égalité avec celle de l’homme, sans injustices. Pour cela encourage-t-il une application plus saine et plus juste du droit, afin que les différences juridiques relatives aux matières matrimoniales ne conduisent pas à l’apostasie. Enfin, les chrétiens du Moyen Orient doivent pouvoir appliquer, aussi bien dans le mariage qu’ailleurs, leur propre droit, sans restriction aucune.

Les enfants et les adolescents: le Pape les exhorte à ne pas avoir peur ou honte d’être chrétiens, à respecter les autres croyants, juifs et musulmans, à cultiver toujours à travers la prière la véritable amitié avec Jésus, en aimant le Christ et l’Eglise. De cette façon, ils pourront discerner avec sagesse les valeurs de la modernité utiles à leur réalisation, sans se laisser séduire par le matérialisme ou par des social network dont l’usage incontrôlé peut mutiler la véritable nature des relations humaines. Pour les enfants, en particulier, le texte fait appel aux parents, aux éducateurs, aux formateurs et aux institutions publiques afin que tous reconnaissent les droits des mineurs, à partir de leur conception.
TROISIEME PARTIE

La Parole de Dieu, âme et source de communion et témoignage: Après avoir exprimé sa reconnaissance aux écoles exégétiques d’Alexandrie, d’Antioche qui ont contribué à la formulation dogmatique du mystère chrétien du IV et du V siècle, l’exhortation recommande une véritable pastorale biblique afin de dissiper des préjudices ou des idées erronés qui causent d’inutiles, voire d’humiliants conflits. D’où la suggestion de proclamer une Année biblique, selon les conditions pastorales de chaque pays de la région, qui serait suivie à l’occasion par une Semaine annuelle de la Bible. En retrouvant la sève des origines et dans la séquelle des disciples du Christ, la présence chrétienne dans les pays bibliques qui va bien au-delà d’une appartenance sociologique ou d’une simple réussite économique et culturelle, prendra un nouvel élan.

La liturgie et la vie sacramentelle: Pour les fidèles du Moyen Orient, la liturgie est un élément essentiel de l’unité spirituelle et de la communion. Lorsqu'il est nécessaire, le renouvellement des célébrations et des textes liturgiques doit être fondé sur la Parole de Dieu et réalisé en collaboration avec les Eglises co-dépositaires de ces mêmes traditions. L’invitation à examiner l’importance du baptême, qui permet à ceux qui le reçoivent de vivre en communion et de développer une véritable solidarité avec les autres membres de la famille humaine, sans discriminations fondées sur la race ou sur la religion, est centrale. Dans cette optique, le Pape espère un accord œcuménique sur la reconnaissance réciproque du baptême entre l’Eglise catholique et les Eglises avec lesquelles elle est en dialogue théologique, afin de restaurer ainsi la pleine communion dans la foi apostolique. Le document espère également une pratique plus fréquente du sacrement du pardon et de la réconciliation et exhorte les pasteurs et les fidèles à promouvoir des initiatives de paix, même au milieu des persécutions.

La prière et les pèlerinages: ... Le Moyen Orient est un espace privilégié de pèlerinage pour de nombreux chrétiens qui peuvent y consolider leur foi et vivre une expérience profondément spirituelle. Le Pape demande que les fidèles puissent avoir libre accès, sans restrictions, aux Lieux Saints. Il est également essentiel que le pèlerinage biblique d’aujourd’hui revienne à ses initiales motivations: un chemin pénitentiel, à la recherche de Dieu.

L'évangélisation et la charité: Ce sont des missions de l’Eglise, et l'exhortation souligne que la transmission de la foi est une mission essentielle de l’Eglise. D’où l’invitation du Pape à une nouvelle évangélisation qui, dans le contexte contemporain, marqué par des changements, rende le fidèle conscient de son témoignage de vie, Elle renforce son message lorsqu’elle parle de Dieu de façon courageuse et ouverte, pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut. En particulier, au Moyen Orient, l’approfondissement du sens théologique et pastoral de l’évangélisation devra examiner deux dimensions, celle œcuménique et celle inter-religieuse. Concernant les mouvements et les communautés ecclésiales, le Pape les encourage à agir en union avec leurs évêques et selon ses directives pastorales, en tenant compte de l’histoire, de la liturgie, de la spiritualité et de la culture locale, sans confusion ni prosélytisme. L’Eglise catholique du Moyen Orient est ainsi invitée à renouveler son esprit missionnaire, un défi plus urgent que jamais dans un contexte multi-culturel et pluri-religieux. Une forte impulsion, en ce sens, pourra dériver de l’Année de la foi. Concernant la charité, le texte rappelle que l’Eglise doit suivre l’exemple du Christ qui s’est fait proche des plus faibles: les orphelins, les pauvres, les handicapés, les malades Enfin, le Pape salue et encourage toutes les personnes qui œuvrent, de façon impressionnante, au sein des centres éducatifs, dans les écoles, les instituts supérieurs et les universités catholiques du Moyen Orient. De tels instruments de culture, qui doivent être soutenus par les responsables politiques, démontrent qu’il existe là la possibilité de vivre dans le respect et dans la collaboration, à travers l’éducation à la tolérance.

La catéchèse et la formation chrétienne: Le document pontifical encourage la lecture et l’enseignement du catéchisme de l’Eglise catholique, ainsi qu’une initiation concrète à la doctrine sociale de l’Eglise. En même temps, le Pape invite les synodes et les autres organismes épiscopaux à faciliter les fidèles dans l’approche à la richesse spirituelle des pères de l’Eglise et dans l’actualisation de l’enseignement patristique, complément de la formation biblique.

CONCLUSION

De façon solennelle, Benoît XVI demande, au nom de Dieu, aux responsables politiques et religieux non seulement de soulager les souffrances de tous ceux qui vivent au Moyen Orient, mais aussi d’en éliminer les causes, en faisant tout le possible pour arriver à la paix. En même temps, les fidèles catholiques sont exhortés à consolider et à vivre la communion entre eux, en faisant naître un dynamisme pastoral. La tiédeur déplaît à Dieu. Or les chrétiens du Moyen Orient, catholiques et autres, doivent donc témoigner du Christ, unis et avec courage. Il s’agit d’un témoignage qui n’est pas facile, mais qui est exaltant".

POUR UNE NOUVELLE FRATERNITE

Cité du Vatican, 15 septembre 2012 (VIS). Benoît XVI a commencé sa seconde journée libanaise en se rendant au palais présidentiel de Baabda, où il a rencontré le Président de la République M.Michel Sleiman, mais aussi le chef du gouvernement et les corps constitués, les représentants des communautés chiite, sunnite, druze et alaouite, les représentants du monde culturel, auxquels il a remis un exemplaire de l'exhortation post-synodale. Après un entretien privé avec le chef de l'Etat, le Pape a été invité à planter dans le jardin de la présidence un cèdre du Liban. Puis il a gagné la Salle du 25 mai pour prononcer un discours, dont voici de larges extraits:

En plantant cet arbrisseau, "j’ai demandé à Dieu de vous bénir, de bénir le Liban et de bénir tous les habitants de cette Région qui a vu naître de grandes religions et de nobles cultures. Pourquoi Dieu a-t-il choisi cette Région ? Pourquoi vit-elle dans la tourmente ? Dieu l’a choisie, me semble-t-il, afin qu’elle soit exemplaire, afin qu’elle témoigne à la face du monde la possibilité qu’a l’homme de vivre concrètement son désir de paix et de réconciliation!... Afin d’assurer le dynamisme nécessaire pour construire et consolider la paix, il faut inlassablement revenir aux fondements de l’être humain. La dignité de l’homme est inséparable du caractère sacré de la vie donnée par le Créateur... Chaque personne est unique et irremplaçable. Elle vient au monde dans une famille, qui est son premier lieu d’humanisation, et surtout la première éducatrice à la paix. Pour construire la paix, notre attention doit donc se porter vers la famille afin de faciliter sa tâche, pour ainsi la soutenir et donc promouvoir partout une culture de la vie. L’efficacité de l’engagement pour la paix dépend de la conception que le monde peut avoir de la vie humaine. Si nous voulons la paix, défendons la vie! Cette logique disqualifie non seulement la guerre et les actes terroristes, mais aussi toute atteinte à la vie de l’être humain, créature voulue par Dieu. L’indifférence ou la négation de ce qui constitue la véritable nature de l’homme empêchent le respect de cette grammaire qu’est la loi naturelle inscrite dans le cœur humain... Nous devons donc unir nos efforts pour développer une saine anthropologie qui intègre l’unité de la personne. Sans elle, il n’est pas possible de construire la paix véritable".

"Evidentes dans les pays qui connaissent des conflits armés, des guerres remplies de vanité et d’horreur, les atteintes à l’intégrité et à la vie des personnes existent aussi dans d’autres pays. Le chômage, la pauvreté, la corruption, les diverses addictions, l’exploitation, les trafics de toutes sortes et le terrorisme entraînent, avec la souffrance inacceptable de ceux qui en sont victimes, un affaiblissement du potentiel humain. La logique économique et financière veut sans cesse nous imposer son joug et faire primer l’avoir sur l’être! Mais la perte de chaque vie humaine est une perte pour l’humanité entière... Certaines idéologies, en remettant en cause de façon directe ou indirecte, ou même légale, la valeur inaliénable de toute personne et le fondement naturel de la famille, sapent les bases de la société... Nous devons être conscients de ces menaces pour l’édification et à l’harmonie du vivre ensemble. Seule une solidarité effective constitue l’antidote à tout cela. Solidarité pour rejeter ce qui fait obstacle au respect de tout être humain, solidarité pour soutenir les politiques et les initiatives qui œuvrent en vue d’unir les peuples de façon honnête et juste. Il est beau de voir les actions de collaboration et de vrai dialogue qui construisent une nouvelle manière de vivre ensemble. Une meilleure qualité de vie et de développement intégral n’est possible que dans le partage des richesses et des compétences, en respectant l’identité de chacun. Mais un tel mode de vie convivial, serein et dynamique ne peut exister sans la confiance en l’autre, quel qu’il soit. Aujourd’hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne, et le don qu’elle est à elle-même, aux autres et à l’humanité. Là se trouve la voie de la paix, là est l’engagement qui nous est demandé! Là est l’orientation qui doit présider aux choix politiques et économiques, à chaque niveau et à l’échelle planétaire!

Pour ouvrir aux nouvelles générations un avenir de paix, la première tâche est donc celle d’éduquer à la paix pour construire une culture de paix. L’éducation, dans la famille ou à l’école, doit être avant tout l’éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d’une culture, leur sens et leur force. L’esprit humain a le goût inné du beau, du bien et du vrai. C’est le sceau du divin, la marque de Dieu en lui! De cette aspiration universelle découle une conception morale ferme et juste, qui place toujours la personne au centre. Mais c’est seulement librement que l’homme peut se tourner vers le bien, car la dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, personnellement, c’est-à-dire mû et déterminé de l’intérieur, et non sous l’effet de poussées intérieures aveugles ou d’une contrainte purement extérieure. La tâche de l’éducation est d’accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses. L’établissement d’une culture de paix est à ce prix. Il faut évidemment bannir la violence verbale ou physique. Elle est toujours une atteinte à la dignité humaine, celle de l’auteur comme celle de la victime. Par ailleurs, en valorisant les œuvres pacifiques et leur rayonnement pour le bien commun, on crée aussi l’intérêt pour la paix. Comme en témoigne l’histoire, de tels gestes de paix ont un rôle considérable dans la vie sociale, nationale et internationale. L’éducation à la paix formera ainsi des hommes et des femmes généreux et droits, attentifs à tous, et particulièrement aux personnes les plus faibles. Pensées de paix, paroles de paix et gestes de paix créent une atmosphère de respect, d’honnêteté et de cordialité, où les fautes et les offenses peuvent être reconnues en vérité pour avancer ensemble vers la réconciliation. Que les hommes d’Etat et les responsables religieux y réfléchissent.

Nous devons être bien conscients que le mal n’est pas une force anonyme qui agit dans le monde de façon impersonnelle ou déterministe. Le mal, le démon, passe par la liberté humaine, par l’usage de notre liberté. Il cherche un allié, l’homme, et il a besoin de lui pour se déployer. C’est ainsi qu’ayant offensé le 1er commandement, l’amour de Dieu, il en vient à pervertir le second, l’amour du prochain. Avec lui, l’amour du prochain disparaît au profit du mensonge et de l’envie, de la haine et de la mort. Mais il est possible de ne pas se laisser vaincre par le mal et d’être vainqueur du mal par le bien... La transformation en profondeur de l’esprit et du cœur  est nécessaire pour retrouver une certaine clairvoyance et une certaine impartialité, le sens profond de la justice et celui du bien commun. Un regard nouveau et plus libre rendra capable d’analyser et de remettre en cause des systèmes humains qui conduisent à des impasses, afin d’avancer en tenant compte du passé pour ne plus le répéter avec ses effets dévastateurs. Cette conversion demandée est exaltante...mais aussi particulièrement exigeante. Il s’agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d’accepter les excuses sans les rechercher, et enfin de pardonner. Car seul le pardon donné et reçu pose les fondements durables de la réconciliation et de la paix pour tous. Alors seulement peut croître la bonne entente entre les cultures et les religions, la considération sans condescendance des unes pour les autres et le respect des droits de chacune.

Au Liban, christianisme et islam occupent un espace commun depuis des siècles. Il n'est pas rare que ces religions cohabitent dans une même famille. Si cela est possible en famille pourquoi ne le serait-ce pas dans une société? La spécificité du Moyen Orient réside dans une multiplicité croisée de comportements. Il est vrai, et c'est malheureux, que ces religions se soient affrontées. Or une société plurale et respectueuse doit être animée par le désir de connaître l'autre. Un tel dialogue n’est possible que dans la conscience qu’il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine... Ces valeurs appartiennent aux droits de tout être humain. Dans l’affirmation de leur existence, les différentes religions apportent une contribution décisive. N’oublions pas que la liberté religieuse est le droit fondamental dont dépendent beaucoup d’autres. Professer et vivre librement sa religion sans mettre en danger sa vie et sa liberté doit être possible à quiconque. La perte ou l’affaiblissement de cette liberté prive la personne du droit sacré à une vie intègre sur le plan spirituel... La liberté religieuse a une dimension sociale et politique indispensable à la paix! Elle promeut une coexistence et une vie harmonieuses par l’engagement commun au service de nobles causes et par la recherche de la vérité qui ne s’impose pas par la violence mais par la force de la vérité elle-même, cette vérité qui est en Dieu. Car la foi vécue...ne saurait conduire à la mort. L’artisan de paix est humble et juste. Les croyants ont donc aujourd’hui un rôle essentiel, celui de témoigner de la paix qui vient de Dieu et qui est un don fait à tous dans la vie personnelle, familiale, sociale, politique et économique. L’inaction des hommes de bien ne doit pas permettre au mal de triompher. Il est pire encore de ne rien faire.

Ces quelques réflexions sur la paix, la société, la dignité de la personne, sur les valeurs de la famille et de la vie, sur le dialogue et la solidarité ne peuvent demeurer de simples idéaux énoncés. Ils peuvent et doivent être vécus. Nous sommes au Liban et c’est ici qu’ils doivent être vécus. Le Liban est appelé, maintenant plus que jamais, à être un exemple. Politiques, diplomates, religieux, hommes et femmes du monde de la culture, je vous invite donc à témoigner avec courage, à temps et à contretemps autour de vous, que Dieu veut la paix, que Dieu nous confie la paix".

Après cette rencontre, le Saint-Père a gagné le patriarcat arménien catholique, où l'a reçu le Patriarche de Cilicie, SB Nersés Bedros XIX Tamouni. Il a béni une statue du moine Hagop, qui a composé le premier livre imprimé en arménien à Venise en 1512. Puis il a déjeuné avec tout l'épiscopat libanais.

LE MESSAGE DE LA RELIGION EST CONTRAIRE A LA VIOLENCE

Cité du Vatican, 15 septembre 2012. Dans l’avion le conduisant au Liban, le Pape a répondu hier aux questions des journalistes l’accompagnant à bord, portant sur la situation au Liban et au Moyen Orient:

Question : Ces jours-ci coïncident avec des anniversaires terribles, comme celui du 11 septembre ou du massacre de Sabra et Chatila. Aux frontières du Liban, une sanglante guerre civile fait rage, et nous voyons aussi dans d’autres pays que le risque de tomber dans la violence est toujours présent... Avez-vous été tenté de renoncer à ce voyage pour des motifs d’insécurité, ou quelqu’un vous a-t-il suggéré d’y renoncer?

Benoît XVI: Personne ne m’a conseillé de renoncer à ce voyage et, pour ma part, je n’ai jamais pensé à cette hypothèse, parce que je sais que si la situation devient plus compliquée, un signe de fraternité, d’encouragement, de solidarité est encore plus nécessaire. Le sens de mon voyage est d'inviter au dialogue, d'inviter à la paix, à cheminer ensemble pour trouver des solutions aux problèmes…

Question: Un grand nombre de catholiques manifeste son inquiétude face à l’accroissement des fondamentalismes dans différentes régions du monde et face aux agressions dont sont victimes de nombreux chrétiens. Dans ce contexte difficile et souvent sanglant, comment l’Eglise peut-elle répondre à l’impératif de dialogue avec l’islam, sur lequel vous avez plusieurs fois insisté?

Benoît XVI: Le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion. Il va à l’encontre de l’essence de la religion qui est de réconcilier et de créer la paix de Dieu dans le monde.... Le message essentiel de la religion doit être contre la violence qui en est une falsification, comme l'est le fondamentalisme, et doit porter sur l’éducation, l’éclairage et la purification des consciences pour conduire au dialogue, à la réconciliation et à la paix.

Question: Suite à la vague de désir de démocratie qui s’est mise en mouvement dans beaucoup de pays du Moyen Orient avec ce que l’on a appelé le printemps arabe, et au vu de la réalité sociale de la plupart de ces pays où les chrétiens sont minoritaires, ne court-on pas le risque d’une tension inévitable entre la domination de la majorité et la survie du christianisme?

Benoît XVI: En lui-même, le printemps arabe est une chose positive. Il exprime un désir de plus de démocratie, de plus de liberté, de plus de coopération, d’une rénovation de l’identité arabe. Et ce cri de liberté qui vient d’une jeunesse plus formée sur le plan culturel et professionnel, et désireuse de participer davantage à la vie politique et sociale, est un progrès, une chose très positive et saluée aussi par nous les chrétiens. Dans l’histoire des révolutions, nous savons bien que le cri de la liberté…court toujours le risque d’oublier…une dimension fondamentale de cette liberté, qui est la tolérance envers l’autre, le fait que la liberté humaine est toujours une liberté partagée, qui ne peut se développer que dans le partage, la solidarité et le vivre ensemble, avec des règles précises... Nous devons faire tout notre possible pour que ce concept de liberté, ce désir de liberté prenne une bonne direction, sans oublier la tolérance, le vivre ensemble, la réconciliation, comme faisant fondamentalement partie de cette liberté. La rénovation de l’identité arabe implique aussi, je pense, un renouvellement du vivre ensemble séculaire et millénaire des chrétiens et des arabes qui, dans la tolérance entre la majorité et la minorité, ont construit ces terres et ne peuvent pas ne pas y vivre ensemble. Je pense qu’il est donc important de voir l’élément positif de ces mouvements et d’y prendre part afin que la liberté soit comprise d’une manière juste et réponde à plus de dialogue et non à la domination des uns sur les autres.

Question: En Syrie, comme en Irak il y a quelques années, de nombreux chrétiens se voient contraints de quitter leur pays, à contre cœur. Qu’est-ce que l’Église catholique entend faire ou dire pour les aider dans cette situation et pour empêcher la disparition des chrétiens en Syrie et dans d’autres pays du Moyen-Orient ?

Benoît XVI : Les chrétiens fuient mais aussi les musulmans. Naturellement, le danger que les chrétiens s’éloignent et ne soient plus présents sur ces terres est grand, et nous devons faire notre possible pour les aider à y rester. L’aide essentielle serait la cessation de la guerre, de la violence qui crée la fuite. Donc, la première chose est de faire tout ce qui est possible pour mettre fin à la violence et permettre de rester ensemble aussi dans l’avenir. Que pouvons-nous faire contre la guerre? Naturellement il faut répandre le message de la paix, faire comprendre que la violence ne résout jamais un problème et consolider les forces de paix... Ensuite, je dirais qu'il est besoin de gestes du peuple chrétien, de journées de prière pour le Moyen Orient, pour les chrétiens et pour les musulmans, et montrer la possibilité de dialogue et de solutions. L’importation des armes doit également cesser, parce que sans elle, la guerre ne pourrait continuer. Au lieu d’importer des armes, qui est un péché grave, nous devrions importer des idées de paix, de créativité, trouver des solutions pour accepter chacun dans son altérité. Nous devons donc rendre visible dans le monde le respect des religions, les unes pour les autres, le respect de l’homme comme créature de Dieu, l’amour du prochain comme fondamental pour toutes les religions. Ainsi, avec tous les gestes possibles, avec une aide matérielle aussi, on peut contribuer à ce que cessent la guerre, la violence, et que tous puissent reconstruire le pays.

Question: En plus de la prière et des sentiments de solidarité, voyez-vous des gestes concrets que les Eglises et les catholiques de l’Occident, surtout en Europe et en Amérique, puissent faire pour soutenir leurs frères du Moyen Orient?

Benoît XVI: Nous devons influer sur l’opinion politique et sur les hommes politiques pour qu’ils s’engagent réellement, avec toutes les forces, toutes les possibilités, et avec une vraie créativité, pour la paix, contre la violence. Personne ne devrait attendre de la violence des avantages, tous doivent contribuer... En outre, nos organisations caritatives doivent aussi apporter une aide matérielle et faire tout ce qui est possible. Nous disposons d’organisations comme les Chevaliers du St.Sépulcre, pour la Terre Sainte, mais des organisations similaires pourraient aussi aider sur le plan matériel, politique et humain dans ces pays également. Une fois encore, je dirais que des gestes visibles de solidarité, des journées de prière publique et d’autres initiatives, peuvent attirer l’attention de l’opinion publique, être de réels facteurs.

AUTRES ACTES PONTIFICAUX

Cité du Vatican, 15 septembre 2012 (VIS). Le Saint-Père a:

Accepté pour limite d'âge la renonciation de Mgr.Bogdan Wojtus à l'office d'Auxiliaire de l'Archevêque de Gniezno (Pologne).

Nommé Membres de la Congrégation pour les causes des saints le Cardinal Ennio Antonelli, Président émérite du Conseil pontifical pour la famille, et Mgr.Gianfranco Girotti, Régent émérite de la Pénitencerie apostolique.

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