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jeudi 9 juillet 2015

Avant de quitter l'Equateur le Pape visite le sanctuaire de El Qinche


Cité du Vatican, 9 juillet 2015 (VIS). Hier en Equateur, le Pape a conclu sa visite pastorale par une visite à la maison de repos que les Missionnaires de la charité gèrent à Tumbaco, à une vingtaine de kilomètres de Quito. Après avoir salué la petite communauté, il s'est rendu dans la cour où l'attendaient les pensionnaires. Puis il a gagné le sanctuaire marial national de El Quinche, où il s'est recueilli devant la statue de bois du XVII siècle vénérée par les 800.000 fidèles qui, chaque année en novembre montent de nuit en procession depuis le village de Calderón. Là il a rencontré le clergé, les séminaristes et religieux d'Equateur. Préférant improviser, le Pape François a remis le discours préparé au Président de la Commission épiscopale pour la vie consacrée. Voici tout d'abord l'intervention improvisée:

''Aujourd'hui, je dois parler aux prêtres, séminaristes, religieux, religieuses et dire quelque chose: Voilà la Vierge Marie est la première disciple de son Fils, qui savait que tout ce qu'elle apportait était pur don de Dieu. Une vraie conscience de la gratuité... Nous sommes tous soumis à la gratuité de Dieu...et devons tous la pratiquer...à l'enseigne de Marie qui n'a jamais faibli sur la gratuité de Dieu. Je voudrais aussi vous dire que dans les service de la santé il faut veiller à ne pas tomber dans une sorte d'Alzheimer spirituel, à ne pas perdre la mémoire d'où l'on vient. Saint Paul avait senti ce danger... Dans ses conseils pastoraux à Timothée, il recommande de pas oublier...ses racines! La gratuité est une grâce qui ne peut pas coexister avec le succès. Ainsi, quand un prêtre, un séminariste, un religieux, une religieuse, se lance dans une carrière mondaine, ils sont frappés d'Alzheimer spirituel". Puis le Pape a suggéré aux prêtres et religieux deux principes: ''Chaque jour, se rappeler que tout est gratuit, demander le libre choix...et la grâce de ne pas perdre la mémoire. Tout d'abord, il y a le service. Dieu m'a choisi, m'a pris pour quoi faire? Pour servir, on ne peu être mou et fatigué... Un vieux prêtre disait: L'essence du saint peuple de Dieu est essentiellement olympienne, ontologiquement harassante. Et cela requiert beaucoup de sagesse et de mesure... Il faut allier service et gratuité... Jésus n'a-t-il pas dit qu'il suffisait de demander pour avoir?... Jésus nous donne si nous demandons. Si nous n'oublions pas les deux piliers que sont la gratuité de chaque jour et la conscience d'où nous venons, notre vie sacerdotale ou religieuse sera réussie et féconde. Bénissons Dieu Tout-Puissant, le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Et s'il vous plaît, s'il vous plaît, prier pour moi, parce que je suis souvent tenté d'oublier la gratuité avec laquelle Dieu m'a choisi, d'oublier où je viens".

Voici maintenant le discours préparé et non prononcé du Pape François: "J'apporte aux pieds de Notre Dame de Quinche tout ce qui a été vécu durant ces jours de ma visite. Je veux lui confier les personnes âgées et les malades avec qui j'ai partagé un moment dans la maison des Sœurs de la charité... Je les confie aussi à vous, prêtres, religieux et religieuses, séminaristes, afin que, appelés à travailler dans la vigne du Seigneur, vous soyez des gardiens de tout ce que ce peuple de l'Equateur vit... Dans l'Evangile, le Seigneur nous invite à accepter la mission sans poser de conditions. C'est un message important qu’il ne convient pas d’oublier et qui, dans ce sanctuaire de la Vierge de la Présentation résonne avec un accent spécial. Pour nous qui, comme elle, avons reçu une vocation, Marie est l’exemple du disciple. Sa réponse confiante: Qu’il soit fait pour moi selon ta parole, nous rappelle ses paroles aux noces de Cana: Tout ce qu’il vous dira, faites-le. Son exemple est une invitation à servir comme elle. Dans la Présentation de la Vierge, nous pouvons trouver quelques suggestions pour notre propre appel. La Vierge Enfant a été un cadeau de Dieu pour ses parents et pour tout le peuple, qui attendait la libération. C'est un fait qui se répète fréquemment dans l'Ecriture: Dieu répond au cri de son peuple, en envoyant un enfant, faible, destiné à apporter le salut et qui, en même temps, restaure l'espérance de parents âgés. La parole de Dieu nous dit que dans l'histoire d'Israël, les juges, les prophètes, les rois sont un don du Seigneur pour faire parvenir sa tendresse et sa miséricorde à son peuple. Ils sont un signe de la gratuité de Dieu : c’est lui qui les a élus, choisis et envoyés. Cela nous éloigne de l'autoréférentialité, nous fait comprendre que nous ne nous appartenons plus, que notre vocation nous demande de nous éloigner de tout égoïsme, de toute recherche de profit matériel ou de compensation affective, comme le dit l'Evangile. Nous ne sommes pas des mercenaires, mais des serviteurs. Nous ne sommes pas venus pour être servis, mais pour servir et nous le faisons dans un total détachement, sans bâton et ni sac".

"Certaines traditions sur l'invocation de Notre Dame de Quinche nous relatent que Diego de Robles a réalisé la statue sur commande des indigènes Lumbicí. Diego ne le faisait pas par dévotion, il le faisait pour un bénéfice économique. Comme ils n'ont pas pu le payer, il l'a amenée à Oyacachi et l'a échangée contre des planches de cèdre. Mais Diego a rejeté la commande faite par les habitants de ce village pour qu'il leur fasse aussi un autel pour la statue, jusqu'à ce que, en tombant de cheval, il se trouve en danger et ait senti la protection de la Vierge. Il est retourné dans le village et a fait le pied de la statue. Nous tous nous avons fait aussi l'expérience d'un Dieu qui nous apparaît à la croisée des chemins, qui dans notre réalité de personnes tombées, abattues, nous appelle. Que la gloriole et la mondanité ne nous fassent pas oublier d'où Dieu nous a rachetés. Que Marie de Quinche nous fasse descendre des lieux d'ambitions, d'intérêts égoïstes, de soins excessifs de nous-mêmes! L’autorité que les apôtres reçoivent de Jésus n'est pas pour leur propre bénéfice, ces dons sont pour rénover et pour édifier l'Eglise. Ne refusez pas de partager, ne refusez pas de donner, ne vous enfermez pas dans la commodité, soyez des sources qui débordent et rafraîchissent spécialement ceux qui sont opprimés par le péché, la désillusion, et la rancœur. Le deuxième trait qu’évoque en moi la Présentation est la persévérance. Dans la suggestive iconographie mariale de cette fête, la Vierge Enfant s'éloigne de ses parents en montant les escaliers du Temple. Marie ne regarde pas en arrière et, dans une claire référence à l'avertissement évangélique, résolue, elle va de l’avant. Comme les disciples dans l'Evangile, nous nous mettons aussi en chemin pour porter à chaque peuple et partout la bonne nouvelle de Jésus. La persévérance dans la mission implique de ne pas aller, en changeant maison après maison, à la recherche du lieu où nous serons mieux traités, où il y a plus de moyens et de commodités. Elle suppose de lier notre sort à celui de Jésus jusqu'à la fin. Certains récits des apparitions de la Vierge de Quinche nous rapportent qu'une femme avec un enfant dans ses bras a visité plusieurs après-midis de suite des indigènes d’Oyacachi, quand ils se cachaient du harcèlement des ours. Souvent Marie est allée à la rencontre de ses enfants ; ils ne la croyaient pas, ils se méfiaient de cette femme, mais sa persévérance à revenir chaque soir au coucher du soleil les a surpris. Persévérer même si nous sommes rejetés, même s’il fait nuit et que le désarroi et les dangers s’accroissent. Persévérer dans cet effort en sachant que nous ne sommes pas seuls, que c'est le peuple saint de Dieu qui marche. D’une certaine manière, à travers la statue de la Vierge Enfant montant au Temple, nous pouvons voir l'Eglise qui accompagne le disciple missionnaire. A côté d’elle, il y a ses parents, qui lui ont transmis la mémoire de la foi et maintenant ils l'offrent généreusement au Seigneur pour qu'elle puisse suivre son chemin, il y a votre communauté représentée par la suite des vierges ses compagnes avec les lampes allumées et, en qui les Pères de l'Eglise voient une prophétie de tous ceux qui, en imitant Marie, cherchent avec sincérité à être amis de Dieu. Et il y a les prêtres qui l'attendent pour la recevoir et qui nous rappellent que dans l'Eglise les pasteurs ont la responsabilité d'accueillir avec tendresse et d'aider à discerner chaque esprit et chaque appel".

"Marchons ensemble, en nous soutenant les uns les autres et demandons avec humilité le don de la persévérance à son service. Notre Dame de Quinche a été une occasion de rencontre, de communion, en cet endroit où depuis les temps des incas s’était constituée une colonie multi-ethnique. Que c’est beau quand l'Eglise persévère dans son effort pour être une maison et une école de communion, quand nous créons ce que j’aime à appeler la culture de la rencontre. La statue de la Présentation nous dit qu'une fois bénie par les prêtres, la Vierge Enfant s'est assise dans les marches de l'autel et, s’étant levée, elle a dansé. Je pense à la joie qui s'exprime dans les représentations du banquet des noces, des amis du fiancé, de l'épouse parée de ses bijoux. C'est la joie de celui qui a découvert un trésor et a tout abandonné pour l'acquérir. Trouver le Seigneur, vivre dans sa maison, partager son intimité, tout cela engage à annoncer le Royaume et à apporter le salut à tous. Franchir le seuil du Temple exige de nous convertir comme Marie en temples du Seigneur et de nous mettre en chemin pour le porter à nos frères. La Vierge, comme première disciple missionnaire, après l'annonce de l'Ange, est partie immédiatement vers une ville de Judée pour partager cette joie immense, cette même joie qui a fait tressaillir Jean Baptiste dans le sein de sa mère. Celui qui écoute sa voix tressaille de joie et devient à son tour un héraut de sa joie. La joie d'évangéliser met l'Eglise en mouvement, la fait sortir, comme Marie. Bien qu'elles soient multiples, les raisons qui sont avancées pour le transfert du sanctuaire d’Oyacachi à ce lieu, je m’en tiens à une: Ici elle est et a été plus accessible, plus facile pour être proche de tous. Ainsi l'a compris l'Archevêque de Quito, le Frère Luis López de Solís, quand il a ordonné d'édifier un sanctuaire capable de convoquer et d'accueillir tous. Une église en sortie est une église qui s'approche, qui s’efforce de ne pas être distante, qui sort de son confort et qui ose rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile".

"Nous retournerons maintenant à nos tâches, interpellés par le peuple saint qui nous a été confié. Entre ces tâches, n'oublions pas de prendre soin, d'encourager et d'éduquer la dévotion populaire que nous sentons dans ce sanctuaire et qui est si répandue dans beaucoup de pays latino-américains. Le peuple fidèle a su exprimer la foi dans son propre langage, manifester ses sentiments les plus profonds de douleur, de doute, de joie, d'échec, de reconnaissance en diverses formes de dévotion, des processions, des bougies, des fleurs, des chants qui se transforment en une belle expression de la confiance dans le Seigneur et d'amour de sa mère, qui est aussi la nôtre. A Quinche, l'histoire des hommes et l'histoire de Dieu confluent dans l'histoire d'une femme, Marie. Et dans une maison, notre maison, la sœur mère terre. Les traditions de cette invocation évoquent les cèdres, les ours, la fente dans la pierre qui a été ici la première maison de la Mère de Dieu. Elles nous parlent à travers l'hier des oiseaux qui ont peuplé cet endroit, et dans l'aujourd'hui des fleurs qui parent les alentours. Les origines de cette dévotion nous ramènent aux temps où était plus simple l’harmonie sereine avec la création, plus simple de contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure, dont la présence ne doit pas être fabriquée, et qui se dévoile à nous dans le monde créé, dans son Fils bien-aimé, dans l'Eucharistie qui permet aux chrétiens de se sentir des membres vivants de l'Eglise et de participer activement à sa mission, en Notre Dame de Quinche, qui d’ici a accompagné l’aube de la première annonce de la foi aux peuples indigènes. Recommandons-lui notre vocation: Qu'elle fasse de nous un don pour notre peuple, qu'elle nous donne la persévérance dans le dévouement et la joie de sortir pour porter l’Evangile de son Fils Jésus unis à nos pasteurs, jusqu’aux confins et jusqu’aux périphéries de notre cher Equateur".

Après un Pater Noster, le Pape quitté les lieux pour gagner par la route l'aéroport de Quito. Après les salutations protocolaires, l'avion papal s'est envolé à destination de la Bolivie, où il est arrivé vers 16 h (heure locale).



Le Pape salue la Bolivie


Cité du Vatican, 9 juillet 2015 (VIS). Le Pape a entamé hier la seconde étape de son voyage en arrivant à La Paz (le plus haut du monde, l'aéroport se trouve à plus de 4.000 m d'altitude). Après l'accueil du chef de l'Etat le Président Evo Morales, premier indigène à occuper cette magistrature, venu au Vatican en octobre dernier pour la première Rencontre mondiale des mouvements populaires, le Pape a prononcé son premier discours:

"Au commencement de cette visite pastorale, je désire adresser mon salut à tous les hommes et à toutes les femmes de Bolivie, avec mes meilleurs souhaits de paix et de prospérité". A tous, "je veux exprimer mes sentiments de fraternelle communion dans le Seigneur. Je porte dans mon cœur particulièrement les enfants de cette terre qui pour de multiples raisons ont dû chercher une autre terre qui les accueille, un autre lieu où notre mère les rende féconds et leur donne une possibilité de vie. Je suis heureux de me trouver dans ce pays d’une beauté singulière, béni par Dieu...du haut-plateau aux vallées, des terres amazoniennes, déserts et lacs incomparables. Le préambule de sa constitution l’a scellé de façon poétique: Dans des temps immémoriaux, des montagnes se dressèrent, des fleuves se déplacèrent, des lacs se formèrent. Notre Amazonie, notre Chaco, notre haut-plateau, nos plaines et nos vallées se couvrirent de plantes et de fleurs. Cela me rappelle que le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. Mais surtout une terre bénie dans ses habitants, avec sa réalité culturelle et ethnique bigarrée, qui constitue une grande richesse et un appel permanent au respect mutuel et au dialogue. Peuples autochtones, millénaires et contemporains, nous réjouissent de savoir que le castillan apporté dans ces terres coexiste aujourd’hui avec 36 idiomes autochtones, se mélangeant...pour donner beauté et unité dans la diversité. Dans cette terre et dans ce peuple s’est enracinée avec force l’Evangile, qui au long des années a éclairé la vie commune, contribuant au développement du peuple et promouvant la culture".


"Comme hôte et pèlerin, je viens pour confirmer la foi des croyants en Jésus-Christ ressuscité, pour que nous qui croyons en lui, pendant notre pèlerinage en cette vie, nous soyons témoins de son amour, ferment d’un monde meilleur, et nous collaborions à la construction d’une société plus juste et solidaire. La Bolivie fait des pas importants pour inclure d’amples secteurs dans la vie économique, sociale et politique. Elle dispose d’une constitution qui reconnaît les droits des individus, des minorités, de l’environnement, et elle a des institutions sensibles à ces réalités. Tout cela demande un esprit de collaboration citoyenne, de dialogue et de participation des individus et des acteurs sociaux dans les questions qui intéressent tout le monde. Le progrès intégral d’un peuple comprend la croissance des personnes dans les valeurs et la convergence sur des idéaux communs qui réussissent à unir les volontés sans exclure ni rejeter personne. Si la croissance est seulement matérielle, on court toujours le risque de revenir à créer de nouvelles différences, que l’abondance de certains se construise sur les manques des autres. C’est pourquoi, au-delà de la transparence institutionnelle, la cohésion sociale demande un effort dans l’éducation des citoyens. J’aimerais d'autre part encourager la vocation des disciples du Christ à communiquer la joie de l’Evangile, à être sel de la terre et lumière du monde. La voix des pasteurs, qui doit être prophétique, parle à la société au nom de la mère Eglise, à partir de son option préférentielle et évangélique pour les derniers. La charité fraternelle, expression vivante du commandement nouveau de Jésus, s’exprime dans des programmes, des œuvres et des institutions qui cherchent la promotion intégrale de la personne, ainsi que le soin et la protection des plus vulnérables. On ne peut pas croire en Dieu Père sans voir un frère en toute personne, et on ne peut pas suivre Jésus sans donner sa vie pour ceux pour qui il est mort sur la croix. A une époque où si souvent on tend à oublier ou à confondre les valeurs fondamentales, la famille mérite une attention spéciale de la part des responsables du bien commun, parce qu’elle est la cellule base de la société, qui apporte des liens solides d’union sur lesquels se fonde la vie humaine en commun et, à travers la procréation et l’éducation de ses enfants, assure le renouvellement de la société. L’Eglise ressent aussi une préoccupation particulière pour les jeunes qui, engagés dans la foi et dans de grands idéaux, sont une promesse d’avenir, sentinelles qui annoncent les premiers feux de l’aurore et le nouveau printemps de l’Evangile. Prendre soin des enfants, faire en sorte que la jeunesse s’engage sur de nobles idéaux est une garantie d’avenir pour une société. Une société qui trouve sa propre réassurance quand elle valorise et estime ses personnes âgées et en prend soin, quand elle fait le choix de donner vie à une culture de la mémoire qui garantit aux personnes âgées non seulement la qualité de la vie dans leurs vieux jours mais la chaleur, comme l’exprime bien votre constitution... Ces journées nous permettront d’avoir de véritables moments de rencontre, de dialogue et de célébration de la foi. Je le fais, heureux de me trouver dans ce pays qui se définit pacifique, qui promeut la culture de la paix et le droit à la paix. Je place cette visite sous la protection de la Vierge de Copacabana, Reine de la Bolivie, et je lui demande de protéger tous ses enfants. Merci beaucoup et que le Seigneur vous bénisse. Jallalla Bolivia!". 

Prière pour le P.Luis Espinal


Cité du Vatican, 9 juillet 2015 (VIS). Entre l'aéroport El Alto et l'archevêché de La Paz, le Saint-Père a tenu à faire halte sur le lieu où, le 22 mars 1980, fut retrouvé le corps du jésuite espagnol assasiné Luis Espinal Camps, qui était également poète, journaliste et cinéaste. Au service des plus humbles pendant la dictature, il fut enlevé par des paramilitaires, torturé et jeté au bord d'un chemin. Le choc fut immense et ses funérailles l'occasion d'un immense rassemblement populaire. En 2007 le Président Morales a déclaré le 21 mars Journée nationale du cinéma en reconnaissance de l'oeuvre accomplie par ce religieux en défense des droits de la personne, de la démocratie et de la cinématographie bolivienne. Sur place, le Pape a salué les personnes qui l'attendaient avant d'évoquer "un de nos frères, victime d'intérêts contraires à la liberté. Le P.Espinal, qui a prêché l'Evangile, gênait, et on l'a éliminé... Puisse le Seigneur le garder en sa gloire. Il a prêché de l'Evangile duquel découle notre liberté. Qu'il repose en paix, dans la lumière éternelle". Après la prière et la bénédiction, le Saint-Père a remercié ses hôtes, auxquels il a recommandé de prier pour lui.

En faveur d'une écologie intégrale


Cité du Vatican, 9 juillet 2015 (VIS). Hier, après une halte à l'archevêché le Saint-Père s'est rendu au palais présidentiel pour s'entretenir avec le Président Morales. Après les présentations protocolaires, il a gagné la cathédrale de La Paz, un imposant monument du milieu du XIX siècle, dans lequel il s'est adressé aux corps constitués, au corps diplomatique, au monde de la culture et du volontariat. Après avoir salué l'Archevêque de La Paz, il a prononcé un discours centré sur la vocation à travailler pour le bien commun, en faveur d'une écologie intégrale:

"Le Concile Vatican II a défini le bien commun comme l’ensemble des conditions de la vie sociale qui permettent aussi bien aux groupes qu’aux membres individuels d’atteindre leur perfection d’une façon plus plénière et plus aisée... Je suis sûr de votre recherche du beau, du vrai, du bien dans cet engagement pour le bien commun. Que ces efforts aident toujours à croître dans un respect plus grand envers la personne humaine comme telle, à travers les droits fondamentaux et inaliénables ordonnés à son développement intégral, à la paix sociale, c’est-à-dire à la stabilité et à la sécurité d’un certain ordre, qui ne se réalise pas sans une attention particulière à la justice distributive. Sur la route vers la cathédrale j’ai pu admirer les sommets du Hayna Potosí et de l’Illimani, de cette jeune montagne et de celle qui indique le lieu d’où surgit le soleil. J’ai aussi vu comment de manière artisanale beaucoup de maisons et de quartiers se confondent avec les flancs de la montagne et j’ai admiré certaines œuvres de votre architecture. Le milieu naturel et le milieu social, politique et économique sont étroitement liés. Il est urgent que nous posions les bases d’une écologie intégrale, qui comprenne clairement toutes les dimensions humaines dans la résolution des graves problèmes socio-environnementaux de nos jours… autrement les glaciers de ces montagnes continueront à reculer… et la logique de la réception, la conscience du monde que nous voulons laisser à qui viendra après nous, son orientation générale, sa signification, et ses valeurs elles aussi fondront comme ces glaciers".
"Puisque tout est lié, nous avons besoin les uns des autres. Si la politique se laisse dominer par la spéculation financière ou si l’économie s’aligne seulement sur le paradigme technocratique et utilitariste de la production maximale, on ne pourra pas même pas comprendre, et encore moins résoudre les grands problèmes qui affligent l’humanité. La culture aussi est nécessaire, dont font partie non seulement le développement de la capacité intellectuelle de l’homme dans les sciences et le développement de la capacité de générer de la beauté dans les arts, mais aussi les traditions populaires locales, avec leur sensibilité particulière à l’environnement dont elles sont issues et auquel elles donnent sens. De la même façon, il faut une éducation éthique et morale qui cultive des attitudes de solidarité et de responsabilité entre les personnes. Nous devons reconnaître le rôle spécifique des religions dans le développement de la culture et les bienfaits qu’elles peuvent apporter à la société. Les chrétiens, en particulier, comme disciples de la Bonne Nouvelle, sont porteurs d’un message de salut qui a en lui-même la capacité d’ennoblir les personnes, d’inspirer de grands idéaux capables de donner de l’impulsion à des lignes d’action qui vont au-delà de l’intérêt individuel, permettant la capacité de renoncement en faveur d’autrui, la sobriété et les autres vertus qui nous soutiennent et nous unissent. Nous nous habituons si facilement à l’environnement de l’injustice qui nous entoure, que nous sommes devenus insensibles à ses manifestations. Et nous confondons ainsi, sans nous en apercevoir, le bien commun avec le bien-être, spécialement quand c’est nous qui en jouissons. Le bien-être qui fait référence seulement à l’abondance matérielle tend à être égoïste, à défendre les intérêts de parties, à ne pas penser aux autres, et à se laisser porter par la tentation du consumérisme. Ainsi compris, le bien-être, au lieu d’aider, fait le nid de conflits possibles et de désagrégation sociale. S’affirmant comme perspective dominante, il engendre le mal de la corruption, qui décourage autant qu’il fait de mal. Le bien commun, au contraire, est supérieur à la somme des intérêts particuliers. C’est un passage de ce qui est meilleur pour moi à ce qui est meilleur pour tous, et il comprend tout ce qui donne cohésion à un peuple: Des objectifs communs, valeurs partagées, idéaux qui aident à élever le regard au-delà d’horizons individuels".

"Les différents acteurs sociaux ont la responsabilité de contribuer à la construction de l’unité et du développement de la société. La liberté est toujours le meilleur contexte pour que les penseurs, les associations citoyennes, les moyens de communication remplissent leur fonction, avec passion et créativité, au service du bien commun. Les chrétiens aussi, appelés à être levain au milieu du peuple, apportent leur propre message à la société. La lumière de l’Evangile n’est pas la propriété de l’Eglise. Celle-ci en est plutôt la servante, afin que cette lumière atteigne les confins du monde. La foi est une lumière qui n’éblouit pas, n’obnubile pas, mais éclaire et guide avec respect la conscience et l’histoire de chaque personne et de chaque société humaine. Le christianisme a rempli un rôle important dans la formation de l’identité du peuple bolivien. La liberté religieuse, telle qu’habituellement cette expression est entendue dans le droit civil, nous rappelle aussi que la foi ne peut être réduite à la sphère purement subjective. Ce sera pour nous un défi d’encourager et de promouvoir l’épanouissement de la spiritualité et de l’engagement chrétien en œuvres sociales. Parmi les différents acteurs sociaux, je voudrais mettre en exergue la famille, menacée de toutes parts par la violence domestique, l’alcoolisme, le machisme, la toxicomanie, le manque de travail, l’insécurité civile, l’abandon des personnes âgées, les enfants de la rue et recevant de pseudo-solutions à partir de perspectives qui mettent en lumière une claire colonisation idéologique… Ils sont si nombreux les problèmes sociaux que la famille résout en silence, que ne pas la promouvoir signifie laisser les plus vulnérables sans protection. Une nation qui cherche le bien commun ne peut se replier sur elle-même, car ce sont les réseaux de relations qui consolident les sociétés. Le problème de l’immigration de nos jours nous le démontre. Le développement de la diplomatie avec les pays voisins, dans le but d’éviter des conflits entre des peuples frères et de contribuer à un dialogue franc et ouvert sur les problèmes est aujourd’hui indispensable. Il faut construire des ponts plutôt qu’ériger des murs. Tous les thèmes, aussi épineux soient-ils, ont des solutions communes, raisonnables, équitables et durables. Et, dans chaque cas, ils ne doivent jamais être des motifs d’agressivité, de rancœur ou d’inimitié qui aggravent encore plus la situation et en rendent plus difficile la résolution".

"La Bolivie vit un moment historique: La politique, le monde de la culture, les religions font partie de ce beau défi de l’unité. Dans cette terre où l’exploitation, l’avidité, les multiples égoïsmes et les perspectives sectaires ont jeté des pans d’obscurité sur son histoire, aujourd’hui ce peut être le temps de l’intégration. Aujourd’hui, la Bolivie peut créer de nouvelles synthèses culturelles. Comme ils sont beaux les pays qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, faisant de cette intégration un nouveau facteur de développement! Que c’est beau quand il y a plein d’espaces qui regroupent, mettent en relation, favorisent la reconnaissance de l’autre. Dans l’intégration et dans sa recherche d’unité, la Bolivie est appelée à être cette harmonie multiforme qui attire. Merci beaucoup de votre attention. Je demande au Seigneur que la Bolivie, cette terre innocente et belle, continue à progresser toujours plus pour être la patrie heureuse où l’homme expérimente le bien du bonheur et de la paix. Que la Vierge sainte vous protège et que le Seigneur vous bénisse en abondance. N’oubliez pas de prier pour moi, parce que j’en ai besoin". 

Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 9 juillet 2015 (VIS). Le Saint-Père a nommé l'Abbé Simon Poh Hoon Seng, Auxiliaire de l'Archevêque de Kuching (Malaisie). L'Evêque élu, né en 1963 à Sri Aman (Malaisie) et ordonné prêtre en 1988, était jusqu'ici Chancelier du diocèse et Curé de la cathédrale. Licencié en missionologie, il a été enseignant, coordinateur de diverses commissions diocésaines et curé de paroisses.


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