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lundi 13 juillet 2015

Visite à un hôpital pédiatrique


Cité du Vatican, 12 juillet 2015 (VIS). Le premier rendez-vous du Pape François au Paraguay après son entretien avec le chef de l'Etat a été une visite à l’hôpital général pédiatrique Niños de Acosta Nú de Asunción. Arrivé à 8 h 30' locale, il a passé une heure de section à section pour saluer les petits patients, préférant dialoguer que de lire le discours préparé que voici: "Chers enfants, on m’a dit que vous êtes très intelligents, c’est pourquoi je me suis décidé à vous poser une question: Jésus s’est-il jamais mis en colère? Vous vous rappelez quand? Je sais que c’est une question difficile, donc je vous aiderai. Ce fut quand on empêcha les enfants de s’approcher de lui. C’est l’unique fois où Marc emploie cette expression. Quelque chose de semblable à notre expression: Il s’est fâché. Et vous, est-ce que vous vous êtes jamais mis en colère? Bien, Jésus a ressenti la même chose, quand on ne lui a pas permis d’être proche des enfants, proche de vous. Il eut une grande colère. Les enfants sont parmi les privilégiés de Jésus. Ce n’est pas qu’il n’aime pas les grands, mais il se sentait heureux quand il pouvait être avec eux. Il appréciait beaucoup leur amitié et leur compagnie. Mais non seulement il aimait les avoir auprès de lui, mais plus encore. Il les donnait comme exemple. Il dit aux disciples: Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Les enfants étaient tenus à l’écart, les grands ne les laissaient pas s’approcher, mais Jésus les appela, les embrassa et les mit au milieu pour que tous nous apprenions à être comme eux. Aujourd’hui il nous dirait la même chose. Il nous regarde et dit d'apprendre d’eux".


Effectivement "nous devons apprendre de vous, de votre confiance, de votre joie, de votre tendresse. De votre capacité de lutte, de votre courage. De votre incomparable capacité de résistance. Vous êtes de vrais lutteurs! Et quand on a de pareils guerriers devant soi, on se sent orgueilleux. N’est-ce pas, mamans? N’est-ce pas, papas et grands-parents? Vous voir, nous donne de la force, cela nous donne du courage pour avoir confiance, pour avancer. Mamans, papas, grands-parents, je sais qu’il n’est pas du tout facile d’être ici. Il y a des moments de grande douleur, d’incertitude. Il y a des moments de forte angoisse qui accablent le cœur et il y a des moments de grande joie. Les deux sentiments cohabitent, ils sont en nous. Mais il n’y a pas de meilleur remède que votre tendresse, votre proximité. Et cela me réjouit de savoir que comme familles vous vous entraidez, vous vous stimulez, vous vous soutenez mutuellement pour avancer et traverser ce moment. Vous pouvez compter sur l’appui des médecins, des infirmiers et de tout le personnel de cette maison. Merci pour cette vocation de service, merci d’aider non seulement à guérir mais aussi à accompagner la douleur de vos frères. Ne l’oublions pas: Jésus est proche de vos enfants. Il est tout proche, dans le cœur. N’hésitez pas à le prier, n’hésitez pas à parler avec lui, à lui faire part de vos questions, de vos douleurs. Il est toujours là, mais toujours, et il ne vous laissera pas tomber. Et nous sommes sûrs d’une chose et encore une fois je le confirme. Là où il y a un enfant, il y a la mère. Là où il y a Jésus, il y a Marie, la Vierge de Caacupé. Demandons lui de vous protéger avec son manteau, d’intercéder pour vous et vos familles. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je suis sûr que vos prières arrivent au ciel".

Visite au sanctuaire paraguayen de Caacupé


Cité du Vatican, 12 juillet 2015 (VIS). Après avoir salué les patients de l'hôpital pédiatrique Niños de Acosat Nu, le Pape s'est rendu en voiture au sanctuaire de Caacupé qui signifie en guarani 'derrière la montagne. Voisin du lac Ypacaray, Caacupé est considéré comme la capitale spirituelle du Paraguay. Le sanctuaire est célèbre pour la fête qui s'y déroule le 8 décembre en l'honneur de l'Immaculée Conception des Miracles. La légende raconte qu'une statue a été sculptée au XVI siècle par un indien atyrá converti qui, fuyant d'autres indigènes mbayaes non chrétiens demanda à la Vierge de le sauver. Ayant eu la vie sauve, il sculpta, comme ex voto,une Vierge dans le bois du tronc dans lequel il s'était caché. L'indien qui s'appelait Joseph, construisit à cet endroit une petite chapelle qui fut le noyau du futur sanctuaire qui sera achevé en 1770, date de la fondation officielle de Caacupé.

Le Pape a parcouru les derniers kilomètres qui l'amenaient au sanctuaire en voiture panoramique, salué par des dizaines de milliers de fidèles qui l'attendaient pour participer à la messe, au cours de laquelle les intentions de prières ont été lues en espagnol et en guarani. Dans son homélie, le Pape a souligné que le Sanctuaire de Caacupé attestait de la mémoire d'un peuple qui sait que Marie est mère et se trouve au côté de ses enfants, et a redit son admiration pour les femmes et les mères paraguayennes qui "avec courage et abnégation ont su relever un pays défait et abattu par une guerre inique". "Etre ici avec vous me donne l'impression d'être chez moi, aux pieds de notre Mère, la Vierge des Miracles de Caacupé -a dit le Pape-. Dans un sanctuaire, nous, les enfants nous retrouvons avec notre Mère et nous rappelons que nous sommes frères. C'est un lieu de fête, de rencontre, de famille. Nous venons présenter nos besoins, nous venons remercier, demander pardon et repartir. Combien de baptêmes, de vocations sacerdotales et religieuses, combien de fiançailles et de mariages sont nés au pied de notre Mère. Combien de larmes et d'adieux. Nous venons toujours avec notre vie, parce qu'ici on est à la maison et il est bon de savoir que quelqu'un nous attend".

"Comme tant d'autres fois, nous sommes venus parce que nous souhaitons renouveler notre envie de vivre la joie de l'Evangile. Comment ne pas reconnaître que ce sanctuaire est la partie vitale du peuple paraguayen, de vous. C'est ainsi qu'ils l'entendent, ainsi qu'ils le prient, ainsi qu'ils le chantent: Dans ton Eden de Caacupé, c'est ton peuple Vierge pure qui te donne son amour et sa foi. Et nous sommes aujourd'hui comme le peuple de Dieu aux pieds de notre Mère pour lui donner notre amour et notre foi". Le Pape François a cité l'annonce de l'Ange à Marie qui lui dit: Réjouis-toi, pleine de grâce. Le Seigneur est avec toi. "Face à ce salut, elle était déconcertée et se demandait ce que cela signifiait. Elle ne comprenait pas bien ce qu'il lui arrivait. Mais elle sut que cela venait de Dieu et dit oui. Marie est la Mère du oui. Oui au songe de Dieu, oui au projet de Dieu, oui à la volonté de Dieu. Un oui qui, comme nous le savons, ne fut pas facile à vivre. Un oui qui ne la remplit pas de privilèges ou de différences mais à qui, comme le dira Siméon dans sa prophétie, une épée transpercera le cœur. Et elle lui a bien transpercé le cœur! C'est pourquoi nous l'aimons tant et trouvons en elle une vraie Mère qui nous aide à maintenir la foi vivante et l'espérance au milieu de situations compliquées".

Ensuite, le Pape suivant la prophétie de Siméon revint sur trois moments difficiles dans la vie de marie, la naissance de Jésus, la fuite en Egypte et la mort sur la croix. Evoquant le premier moment, il rappela qu'il n'y avait pas de place pour eux. Ils n'avaient pas de maison, d'habitation pour recevoir son enfant. Il n'y avait pas d'endroit où lui donner le jour, ni de famille à proximité, ils étaient seuls. Le seul endroit possible était une mangeoire d'animaux. Dans sa mémoire résonnaient sûrement les paroles de l'Ange: Réjouis-toi Marie, le Seigneur est avec toi. Elle pouvait s'être demandé: Où est-il maintenant? Pendant la fuite en Egypte, Marie, Joseph et Jésus, "n'avaient qu'à partir, s'exiler. Là, non seulement ils n'avaient pas d'endroit, ni de famille, mais leurs vies étaient aussi en danger. Ils n'avaient qu'à marcher en terre étrangère. Ils furent des migrants persécutés par la convoitise et l'avarice de l'empereur. Là aussi elle aurait pu se demander: Et où est ce que m'a dit l'Ange? Le troisième moment est la mort de Jésus sur la croix. Il n'existe pas de situation plus difficile pour une mère que d'accompagner la mort de son enfant. Ce sont des moments déchirants. Ici, nous voyons Marie, au pied de la croix, comme toute mère, ferme, qui n'abandonne pas, accompagnant son Fils jusqu'à la mort et la mort sur une croix. Là aussi elle aurait pu se dire: Où est ce que m'a dit l'Ange? Et nous la voyons aussitôt retenant et soutenant les disciples. Nous contemplons sa vie, et nous nous sentons compris, écoutés. Nous pouvons nous arrêter pour prier et utiliser un langage commun face à une infinité de situation que nous vivons au quotidien. Nous pouvons nous identifier dans beaucoup de situations de sa vie, lui raconter ce que nous vivons parce qu'elle le comprend. C'est une femme de foi, c'est la Mère de l'Eglise, elle a cru. Sa vie est le témoignage de ce que Dieu ne déçoit pas, n'abandonne pas son peuple, même s'il y a des moments ou des situations où il semble qu'il ne soit pas là. Elle fut la première disciple qui accompagna son fils et soutint l'espérance des apôtres dans les moments difficiles. Ils étaient enfermés à je ne sais combien de tours de clefs, effrayés, dans le Cénacle. C'est cette femme qui resta attentive et sut dire, quand il a semblé que la fête et la joie allaient se terminer: Vois, ils n'ont plus de vin. C'est la femme qui sut se rendre chez sa cousine pendant trois mois pour qu'elle ne soit pas seule pour accoucher. Elle est notre mère, si bonne, si généreuse, si accompagnatrice dans notre vie".

"Tout cela nous le savons par l'Evangile, mais nous savons aussi que, sur cette terre, c'est la Mère qui a été à notre côté dans de nombreuses situations difficiles. Ce Sanctuaire garde, conserve la mémoire d'un peuple qui sait que Marie est Mère et qu'elle a été et est au côté de ses enfants. Elle a été et elle est dans nos hôpitaux, dans nos écoles, dans nos maisons. Elle a été et elle est sur nos lieux de travail, sur nos chemins. Elle a été et elle est sur les tables de chaque foyer. Elle a été et elle est dans la formation de la patrie, nous rendant nation. Toujours avec une présence discrète et silencieuse. Dans le regard d'une icône, d'une estampe ou d'une médaille. Sous l'apparence d'un chapelet, nous savons que nous ne sommes pas seuls, qu'elle nous accompagne". "Et pourquoi? Parce que Marie veut simplement être au milieu de son peuple, avec ses enfants, avec sa famille. Toujours avec Jésus, au milieu de la foule. Comme une bonne mère, elle n'abandonne pas les siens, au contraire, elle va là où un enfant pourrait avoir besoin d'elle. Simplement parce qu'elle est Mère. Une mère qui apprend à écouter et à vivre au milieu des nombreuses difficultés: Ne crains pas, le Seigneur est avec toi. Une mère qui continue en nous disant: Faites ce qu'il vous dira. C'est son invitation constante et continue: Faites ce qu'il vous dira. Elle n'a pas de programme précis, elle ne vient pas nous dire rien de nouveau, mais plus, elle aime être appelée, simplement sa foi accompagne notre foi. Et vous le savez, ils ont vécu l'expérience de ce que nous partageons. Vous tous, tous les paraguayens, ont une mémoire vivante, celle d'un peuple qui a incarné ces paroles de l'Evangile. Je souhaiterais rendre hommage de façon particulière aux femmes et aux mères paraguayennes qui avec courage et abnégation, ont su relever un pays défait, abattu, submergé par une guerre inique. Vous avez la mémoire, vous avez les gènes de celles qui ont reconstruit la vie, la foi, la dignité de leur peuple, avec Marie. Elles ont vécu des situations pourtant très difficiles qui selon une logique commune serait contraire à toute foi. Elles, au contraire, poussées et soutenues par la Vierge, sont restées croyantes, espérant contre toute espérance. Quand tout paraissait s'écrouler, avec Marie elles ont dit: Nous ne craignons rien, le Seigneur est avec nous, il est avec notre peuple, avec nos familles, faisons ce qu'il nous dit. Elles ont alors trouvé et trouvent encore aujourd'hui la force de ne pas laisser cette terre s'écrouler. Que Dieu bénisse cette persévérance et nourrisse leur foi, que Dieu bénisse la femme paraguayenne, la plus glorieuse d'Amérique".


"Comme peuple, nous sommes venus chez nous, dans la maison de la patrie paraguayenne, écouter une fois encore ces paroles qui nous font tant de bien: Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi. C'est un appel à ne pas perdre la mémoire, à ne pas perdre les racines, les nombreux témoins qu'a reçu le peuple croyant et marqué par ses combats. Une foi qui s'est fait vie, une vie qui s'est fait espérance et une espérance qui les porte à faire primer la charité. Oui, à l'égal de Jésus, ils continuent de donner la première place à l'amour. Soyez les porteurs de cette foi, de cette vie, de cette espérance. Vous paraguayens, soyez les artisans d'aujourd'hui et de demain". Le Saint-Père a ensuite invité l'assemblée à prier: Dans ton Eden de Caacupé, voici ton peuple Vierge pure qui te donne son amour et sa foi. "Tous ensemble!" -s'est-il exclamé:Dans ton Eden de Caacupé, voici ton peuple Vierge pure qui te donne son amour et sa foi. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, pour que nous soyons dignes d'obtenir les promesses et les grâces de notre Seigneur Jésus Christ. Amen". Après la messe, le Pape a renouvelé l'acte de consécration du Paraguay à l'Immaculée Conception miraculeuse de Caacupé, qu'avait prononcé Jean-Paul II, le 18 mai 1988, dans ce sanctuaire, au cours de son voyage apostolique au Paraguay.

Le Pape interpelle les ''constructeurs de la société'' du Paraguay


Cité du Vatican, 12 juillet 2015 (VIS). Samedi après-midi, au palais des sports León Condou d'Asunción, le Pape a rencontré les "constructeurs de la société" du Paraguay, c'est-à-dire les professeurs d'écoles et d'universités, les artistes et entrepreneurs, les journalistes, les associations de femmes, les agriculteurs et les indigènes. Le Saint-Père a articulé son discours en répondant à différentes questions, après avoir salué en ces termes:

''Vous voir tous, chacun provenant d'un secteur, d'une organisation, de cette bien aimée société paraguayenne, avec ses joies, ses préoccupations, ses luttes et ses recherches, cela m'amène à faire une action de grâce à Dieu. Il semble bien que le Paraguay n'est pas mort, grâce à Dieu. Parce qu'un peuple qui vit, un peuple qui ne maintient pas ses préoccupations vivantes, un peuple qui vit dans l'inertie de l'acceptation passive, est un peuple mort. Au contraire, je vois en vous la sève d'une vie qui court et qui veut germer. Et cela Dieu le bénit toujours. Dieu est toujours favorable à tout ce qui aide à élever, à améliorer, la vie de ses enfants. Il y a des choses qui sont mauvaises, oui. Il y a des situations injustes, oui. Mais vous voir et vous entendre, m'aide à renouveler l'espérance dans le Seigneur qui agit toujours au milieu de son peuple. Vous venez d'horizons différents, de situations et de recherches différentes, et formez tous ensemble la culture paraguayenne. Tous sont nécessaires dans la recherche du bien commun. Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d'iniquités et toujours plus de personnes mises au rebut, vous voir ici est un cadeau".

La première question a été posée par un jeune préoccupé de faire en sorte que la société soit un environnement de fraternité, de justice, de paix et de dignité pour tous.

''La jeunesse est le temps de grands idéaux -a dit le Pape-. Je dis souvent que voir un jeune retraité me rend triste. Ce qui important est que vous les jeunes... deviniez que le vrai bonheur passe par la lutte d'un pays plus fraternel. Et il est bon que vous les jeunes, compreniez que bonheur et plaisir ne sont pas synonymes. Une chose est le bonheur et la joie... et une autre chose est un plaisir passager. Le bonheur se construit, est solide, édifie... il exige de s'engager et de se donner. C'est très précieux de s'engager, se donner... Le Paraguay a une population très jeune et c'est une grande richesse. C'est pourquoi, je pense que la première chose à faire est d'éviter que cette force s'éteigne, que cette lumière qui existe dans vos coeurs disparaisse, et contrecarre la mentalité croissante qui considère comme inutile et absurde d'aspirer à des choses qui en valent la peine...

Jouer pour quelque chose, jouer pour quelqu'un. C'est la vocation de la jeunesse et n'ayez pas de peur de tout laisser sur le terrain. Jouez propre, jouez avec tout. N'ayez pas de peur de donner le meilleur de vous. Ne cherchez pas d'accord préalable pour éviter la fatigue, la lutte. Ne subornez pas l'arbitre. Oui, ne faites pas cette lutte seuls. Cherchez à bavarder, sachez écouter la vie, les histoires, les contes des plus grands, et de vos grands-pères qui ont de la sagesse. Perdez beaucoup de temps à écouter tout le bon qu'ils ont à vous enseigner. Ils sont les gardiens de ce patrimoine spirituel de foi et de valeurs qui définissent un peuple et éclairent le chemin... Jésus invite à travers de la mémoire de son peuple... La fraternité, la justice, la paix et la dignité sont concrètes, sinon, elles en servent à rien. Cela se fait tous les jours! Maintenant, je vous demande à vous les jeunes: Comment vis-tu cet idéal, au jour le jour, concrètement? Même si tu te trompes, te corriges-tu et te relèves-tu? Concrètement. Moi je reconnais que parfois cela me donne un peu d'allergie... écouter des discours grandiloquents avec tous ces mots et, quand on connaît la personne qui parle, on dit: Quel menteur es-tu. C'est pourquoi, les mots seuls mots ne servent à rien. Si vous dites un mot engagez-vous avec ce mot, chaque jour, sacrifiez-vous pour cela! Engagez-vous!".
La deuxième question était consacrée au dialogue comme moyen pour forger un projet de nation qui inclut tout le monde.

''Le dialogue n'est pas facile -a répondu le Pape-. Il y aussi le “dialogue-théâtre”, c'est-à-dire que nous représentons le dialogue, nous jouons le dialogue et après nous parlons entre nous deux, entre nous deux et l'autre est éliminé... Certes, par exemple, je pense à notre dialogue, le dialogue inter-religieux, où représentants des différentes religions, nous parlons. Nous nous réunissons, parfois, pour parler... mais chacun parle à partir de son identité: Je suis bouddhiste, je suis évangélique, je suis orthodoxe, je suis catholique. Chacun parle, mais avec son identité. Il ne négocie pas son identité. Et même, pour qu'un dialogue existe, cette base fondamentale est nécessaire. Et quelle est l'identité dans un pays?, nous parlons du dialogue social ici. L'amour de la patrie? La patrie d'abord, après mes affaires... C'est ça l'identité. Alors, à partir de cette identité, je vais dialoguer. Si je vais dialoguer sans cette identité, le dialogue ne sert à rien. De plus, le dialogue suppose, et la culture de la rencontre nous exige à chercher cela. C'est-à-dire une rencontre qui sache reconnaître que la diversité n'est pas seulement bonne, elle est nécessaire. L'uniformité nous annihile, nous rend comme des automates. La richesse de la vie est dans la diversité. Le point de départ ne peut pas être: Je vais dialoguer mais il s'est trompé. Non, non, nous ne pouvons présumer que l'autre se trompe. Je vais avec mon bagage et je vais écouter ce que dit l'autre, en quoi il m'enrichit, en quoi l'autre me permet de me rendre compte que je me trompe, et quelles choses je peux apporter à l'autre. C'est un aller-retour, mais avec le cœur ouvert... C'est cela la culture de la rencontre. Dialoguer ce n'est pas négocier. Négocier c'est essayer de tirer sa carte du jeu.... Si tu vas avec cette intention, tu ne perds pas de temps. C'est rechercher le bien commun pour tous. Souvent cette culture de la rencontre se trouve prise dans le conflit... Nous n'avons pas à le craindre! Nous n'avons pas à ignorer le conflit... Le conflit existe, il faut l'assumer, il faut essayer de le résoudre où l'on peut, mais en vue d'obtenir une unité qui en soit pas uniformité, mais une unité dans la diversité... Les vraies cultures ne sont jamais refermées sur elles-mêmes. Si elles se ferment sur elles-mêmes , elles meurent. Mais elles sont appelées à se rencontrer avec d'autres cultures et à créer de nouvelles réalités... Sans ce présupposé essentiel, sans cette base de fraternité, il sera très difficile d'arriver au dialogue. Si quelqu'un considère qu'il y a des personnes, des cultures, des situations de deuxième, troisième ou quatrième catégorie... cela, c'est sûr, se terminera mal, parce qu'il aura simplement manqué du minimum, qui est la reconnaissance de la dignité de l'autre. Que n'existe jamais de personne de première, deuxième, troisième, ou quatrième catégorie, tous sont du même rang''.
La troisième question a concerné l'accueil du cri des pauvres pour construire une société plus inclusive.

''C'est curieux, l'égoïste s'exclut. Nous voulons inclure -a observé le Pape-, n'exclure personne, mais en pas nous auto-exclure, parce que avons besoin tous de tous. Un autre aspect fondamental pour aider les pauvres est la manière dont nous les voyons. Un regard idéologique ne sert à rien, qui finit par les utiliser au service d'autres intérêts politiques ou et personnels. Les idéologies finissent mal, elles ne servent à rien. Les idéologies ont une relation ou incomplète ou malade ou mauvaise avec le peuple. Les idéologies n'assument pas le peuple. C'est pourquoi, regardez le siècle passé. Comment ont terminé les idéologies? En dictatures, toujours, toujours. Elles pensent pour le peuple, elles ne permettent pas penser le peuple. Pour chercher effectivement son bien, il faut d'abord avoir une vraie préoccupation pour la personne -je parle des pauvres-, les évaluer à leur bonté. Mais, une évaluation réelle exige d'être disposés à apprendre des pauvres... Les pauvres ont beaucoup à nous apprendre en humanité, en bonté, en sacrifice, en solidarité. Nous, les chrétiens, avons de plus un plus grand motif d'aimer et de servir aux pauvres, parce que nous avons en eux le visage, nous voyons le visage et la chair du Christ, qui s'est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté... Réfléchissons bien. C'est un homme comme moi, qui passe un mauvais moment pour mille raisons, économiques, politiques, sociales ou personnelles, je pourrais être à sa place et pourrais désirer que quelqu'un m'aide. Et en plus de désirer que quelqu'un m'aide, si je suis à cette place, j'ai le droit d'être respecté".

Un autre sujet a porté sur la croissance économique et la création de richesse.

''Certes, pour un pays, la croissance économique et la création de richesse, sont nécessaires et doivent profiter à tous les citoyens sans que personne ne reste exclu. Et cela est nécessaire - a assuré le Saint-Père.- La création de cette richesse doit toujours être en fonction du bien commun, de tous, et non de quelques-uns. En cela il faut être très clairs. L'adoration de l'ancien veau d'or a trouvé une version nouvelle et impitoyable dans le fétichisme de l'argent et dans la dictature de l'économie sans visage. Les personnes dont la vocation est d'aider au développement économique ont la tâche de veiller à ce que celui-ci ait toujours un visage humain... Et dans leurs mains se trouve la possibilité d'offrir un travail à beaucoup de personnes et donner ainsi une espérance à de nombreuses familles... Je leur demande de ne pas céder au modèle économique idolâtre qui a besoin de sacrifier des vies humaines sur l'autel de l'argent et de la rentabilité. Dans l'économie, dans l'entreprise, dans la politique, la personne vient toujours en premier et l'habitat où elle vit".

''A juste titre, le Paraguay est connu dans le monde pour avoir été la terre où ont commencé les Réductions, une des expériences d'évangélisation et d'organisation sociale les plus intéressantes de l'histoire. Dans celles-ci, l'Evangile a été l'âme et la vie de communautés qui en connaissaient pas la faim, le désoeuvrement, l'analphabétisme, ni l'oppression. Cette expérience historique nous enseigne qu'une société plus humaine aujourd'hui est encore possible. Vous l'avez vécu dans vos racines ici. C'est possible! Quand il y a l'amour de l'homme, et la volonté de le servir, il est possible de créer les conditions pour que tous aient l'accès aux biens nécessaires, sans que personne ne soit écarté. Chercher dans chaque cas les solutions par le dialogue''.

La cinquième question a porté sur la définition et l'importance de la culture pour un pays.

''Il y a une culture cultivée, qui est culture et qui est bonne et il faut la respecter -a répondu le Pape-. Mais il y a une autre culture, qui a la même valeur, qui est la culture des peuples, des peuples originaires, des diverses ethnies. Une culture que j'oserais appeler, mais dans le bon sens, une culture populaire. Les peuples ont leur culture et font leur culture... Voilà, avant de conclure, je voudrais évoquer deux choses''.

''Alors, comme il y a des hommes politiques ici présents -a-t-il ajouté- je le dis fraternellement. Quelqu'un m'a dit: "Regardez, Untel est séquestré par l'armée: faites quelque chose! non ?". Je ne dis pas que c'est vrai, ou pas vrai, que c'est juste, ou pas juste, mais l'une des méthodes qu'avaient les idéologies dictatoriales du siècle passé, consistait à écarter les gens, par l'exil ou la prison ou, dans le cas des camps d'extermination des nazis ou des staliniens, par la mort. Pour qu'il y ait une vraie culture dans un peuple, une culture politique et du bien commun, il faut des jugements rapides et clairs et nets. Il n'y a pas besoin de recourir à un autre type de stratagème. La justice nette, claire. Cela aidera tout le monde.... Et après cela...une autre chose que je veux dire aussi par honnêteté: une méthode qui ne donne pas de liberté aux personnes pour assumer de façon responsable sa tâche de construction de la société est du chantage. Le chantage est toujours corruption : "Si tu fais cela, nous allons te faire cela, avec lequel nous te détruisons". La corruption est la mite, c'est la gangrène d'un peuple. Par exemple, aucun homme politique ne peut accomplir son rôle, son travail, s'il fait du chantage par des attitudes de corruption... Cela se retrouve dans tous les peuples du monde parce que si un peuple veut maintenir sa dignité, il n'y a qu'à l'éliminer. Je parle de quelque chose d'universel".


"Et je finis –a conclu le Saint-Père-. Pour moi, c'est une grande joie de voir la quantité et la variété d'associations qui sont engagées dans la construction d'un Paraguay chaque fois meilleur et plus prospère, mais, qui si elles ne dialoguent pas, ne servent à rien. Si elles font chanter, cela ne sert à rien. Cette multitude de groupes et de personnes sont une grande symphonie, chacun avec sa particularité et sa propre richesse, mais en cherchant l'harmonie finale, l'harmonie, et c'est cela qui compte. Et n'ayez pas de peur du conflit, mais parlez et cherchez des chemins de solution. Aimez votre patrie, vos concitoyens et, surtout, les plus pauvres. Ainsi ils seront devant le monde un témoignage de ce qu'un autre modèle de développement est possible. Je suis convaincu, par votre histoire, que vous aurez la force la plus grande qui existe : votre humanité, votre foi, votre amour. C'est l'être du peuple paraguayen qui le distingue si fortement des autres nations du monde. Et je demande à la Vierge de Caacupé, notre Mère, qu'elles vous grade, vous protège et vous encourage dans vos efforts. Que Dieu vous bénisse et priez pour moi. Merci".

Vêpres en la cathédrale d'Asunción


Cité du Vatican, 12 juillet 2015 (VIS). Après sa rencontre avec les forces vives du pays, le Saint-Père s'est rendu hier en la cathédrale d’Asunción, qui conserve la seule des vingt-neuf croix plantées par Christophe Colomb au cours de ses quatre voyages. Accueilli par la foule, il a reçu des mains du Maire les clefs de la ville et assisté à un bref spectacle traditionnel, avant d'entrer pour célébrer les vêpres avec les prêtres, séminaristes, religieux et membres des mouvements catholiques du Paraguay. Puis il a prononcé le discours suivant: "Qu’il est beau de prier tous ensemble. Comment ne pas rêver d'une Eglise qui reflète et répète l’harmonie des voix et du chant dans la vie quotidienne? Nous le faisons en cette cathédrale tant de fois reconstruite, qui est le signe de l’Eglise et de chacun de nous. Parfois, les tempêtes du dehors et du dedans nous obligent à abattre ce qui a été construit et à recommencer, mais toujours avec l’espérance placée en Dieu... La prière liturgique, avec sa structure et sa forme rythmée, veut exprimer toute l’Eglise, épouse du Christ, qui essaie de se conformer à son Seigneur. Chacun de nous dans notre prière, nous voulons progressivement ressembler à Jésus. La prière fait émerger ce que nous vivons ou que nous devrions vivre dans la vie quotidienne, au moins la prière qui ne veut pas être aliénante ou seulement décorative. La prière nous donne impulsion pour agir ou nous examiner dans ce que nous récitions dans les psaumes: Nous sommes les mains de Dieu qui, du fumier retire le pauvre".

"C’est à nous de travailler afin que la tristesse de la stérilité se transforme en un champ fertile. Nous qui chantons qu’il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens, nous sommes ceux qui luttons, qui nous donnons du mal, nous défendons toute vie humaine, de la naissance jusqu’à ce que le nombre des années s’accroisse et que la force se réduise. La prière est reflet de l’amour que nous ressentons pour Dieu, pour les autres, pour le monde créé. Le commandement de l’amour est la meilleure configuration à Jésus du disciple missionnaire. Etre attachés à Jésus donne profondeur à la vocation chrétienne, liée au faire de Jésus cherche à nous faire ressembler à lui en tout ce qu’il accomplit. La beauté de la communauté ecclésiale naît de l’adhésion de chacun de ses membres à la personne de Jésus, formant un ensemble vocationnel dans la richesse de la variété harmonique. Les antiennes des cantiques de cette fin de semaine nous rappellent l’envoi des Douze par Jésus. Il est toujours bien de grandir dans cette conscience du travail apostolique en communion. Il est beau de vous voir collaborer pastoralement, toujours à partir de la nature et de la fonction ecclésiale de chaque vocation et de chaque charisme. Je désire vous exhorter tous, prêtres, religieux et religieuses, laïcs et séminaristes à vous engager dans cette collaboration ecclésiale, spécialement autour des plans pastoraux des diocèses et de la mission continentale, en coopérant avec toute votre disponibilité au bien commun. Si la division entre nous provoque la stérilité, il n’y a pas de doute que de la communion et de l’harmonie naît la fécondité, parce qu’elles sont profondément consonantes avec l’Esprit".


"Nous avons tous des limites, et personne ne peut reproduire Jésus-Christ dans sa totalité, et bien que chaque vocation se configure principalement avec certains traits de la vie et de l’œuvre de Jésus, il y en a quelques-uns qui sont communs et inaliénables. Nous venons de louer le Seigneur parce qu’il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, et cela est une caractéristique de toute vocation chrétienne: Celui qui est appelé par Dieu ne se vante pas, ne va pas à la recherche de reconnaissances ni d’applaudissements éphémères, ne croit pas avoir monté en grade et ne traite pas les autres comme s’il était sur un piédestal. Le primat du Christ est décrit clairement dans la liturgie de l'épître aux hébreux: Qu’il vous forme en tout ce qui est bon comme le berger des brebis, le Pasteur par excellence. Cela suppose de reconnaître que chaque consacré se configure à Celui qui dans sa vie terrestre, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications, a atteint la perfection quand il a appris, en souffrant, ce que signifiait obéir. Cela fait aussi partie de notre appel... Le clocher de cette cathédrale a été refait plusieurs fois. Le son des cloches précède et accompagne en de nombreuses occasions notre prière liturgique... Solides comme un clocher, nous sommes joyeux d’annoncer les merveilles de Dieu, de partager le Magnificat en laissant le Seigneur accomplir, à travers notre vie consacrée, de grandes choses au Paraguay".

Visite d'un bidonville à Asunción


Cité du Vatican, 13 juillet 2015 (VIS). La dernière journée du Saint-Père au Paraguay a commencé par une visite à la population du Bañado Norte, un bidonville de la capitale, dans lequel l'Eglise collabore avec les pouvoirs publics. Plusieurs milliers d'habitants s'étaient rassemblés pour le saluer et l'écouter: Je ne pouvais me trouver au Paraguay, leur a-t-il dit, "sans vous rencontrer, sans fouler votre terre. Nous nous rencontrons dans cette paroisse consacrée à la Sainte Famille... En venant ici, tout me rappelait la Sainte Famille. Voir vos visages, vos enfants, vos parents âgés. Écouter vos histoires et tout ce que vous avez réalisé pour être ici, toutes les luttes que vous avez menées pour avoir une vie digne, un toit. Tout ce que vous faites pour vaincre les intempéries, les inondations de ces dernières semaines, tout évoque la petite famille de Bethléem. Une lutte qui ne vous a pas ôté le sourire, la joie, l’espérance. Un combat qui n’a pas enrayé chez vous la solidarité, au contraire il l’a stimulée, l’a fait grandir".


"Je veux m’arrêter sur Joseph et Marie à Bethléem. Ils avaient dû quitter leur terre, leurs proches, leurs amis. Ils avaient dû laisser leurs affaires et aller dans une autre terre. Une terre où ils ne connaissaient personne, où ils n’avaient ni maison ni famille. A ce moment, ce jeune couple eut Jésus. Dans ce contexte, ce jeune couple nous a offert Jésus. Ils étaient seuls, dans une terre étrangère, eux trois. A l’improviste, commencèrent à apparaître des bergers. Des personnes comme eux qui avaient dû abandonner leur propre réalité pour trouver de meilleures opportunités familiales. Leur vie était liée aux intempéries et à des inclémences d’autre genre. Quand ils se rendirent compte de la naissance de Jésus, ils s’approchèrent, ils se firent proches, voisins. Ils devinrent aussitôt la famille de Marie et de Joseph. La famille de Jésus. C’est ce qui arrive quand Jésus apparaît dans notre vie. C’est ce que la foi suscite. La foi nous rend proches, nous fait proches de la vie des autres. La foi suscite notre engagement, notre solidarité. La naissance de Jésus réveille notre vie. Une foi qui ne se fait pas solidarité est une foi morte. C’est une foi sans le Christ, une foi sans Dieu, une foi sans frères. Le premier à être solidaire a été le Seigneur, qui a choisi de vivre parmi nous. Moi, je viens comme ces bergers. Je veux me faire proche. Je veux bénir votre foi, bénir vos mains, bénir votre communauté. Je suis venu pour rendre grâce avec vous, parce que la foi s’est faite espérance et elle est une espérance qui stimule l’amour. La foi que Jésus suscite est une foi qui a la capacité de rêver l’avenir, de lutter pour lui dans le présent. C’est précisément pour cela que je veux vous encourager à continuer à être missionnaires, à continuer à transmettre cette foi..en vous faisant proches spécialement des plus jeunes et des personnes âgées. Je veux recommander vos familles à la Sainte Famille, pour que son modèle, son témoignage continuent à être lumière sur le chemin, encouragement dans les moments difficiles et nous offrent toujours ces bergers capables d’accompagner, de soutenir et de stimuler la vie de vos familles. Je vous invite à prier ensemble et je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi". 

Apprendre à être accueillant


Cité du Vatican, 13 juillet 2015 (VIS). La seconde étape de la journée papale d'hier fut la messe célébrée par le Saint-Père sur le Campo grande de Nu Guazú, sanctuaire où Jean-Paul II canonisa en 1988 saint Roque González de Santa Cruz et ses compagnons. Un million et demi de fidèles y ont assisté. Voici l'homélie prononcée par le Pape François: "Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. Nous sommes invités à célébrer cette mystérieuse communion entre Dieu et son peuple, entre Dieu et nous. La pluie est le signe de sa présence dans la terre travaillée de nos mains. Une communion qui donne toujours du fruit, qui donne toujours la vie. Cette confiance jaillit de la foi, savoir que nous pouvons compter sur sa grâce, qui toujours transformera et irriguera notre terre. Une confiance qui s’apprend, qui s’éduque. Une confiance qui se forme progressivement au sein d’une communauté, dans la vie d’une famille. Une confiance qui devient témoignage sur les visages de tous ceux qui nous stimulent à suivre Jésus, à être disciples de celui qui ne déçoit jamais. Le disciple se sent invité à faire confiance, se sent invité par Jésus à être son ami, à partager son destin, à partager sa vie. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Les disciples sont ceux qui apprennent à vivre dans la confiance de l’amitié. L’Evangile nous parle de ce que signifie être disciple. Il nous présente la carte d’identité du chrétien. Sa lettre de présentation, ses lettres de créances".

"Jésus appelle ses disciples et il les envoie en leur donnant des règles claires et précises. Il les place face à des défis avec une série d’attitudes, de comportements qu’ils doivent avoir. Souvent elles peuvent nous paraître exagérées ou absurdes, plus facile à lire symboliquement ou spirituellement. Mais Jésus est très précis, il est très clair. Il ne leur dit pas Faites en sorte que ou Faites ce que vous pouvez... Ne prenez rien pour la route, mais seulement un bâton. Pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie. Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y. Cela semblerait quelque chose d’impossible. Nous pourrions nous concentrer sur les paroles comme pain, argent ou sac... Mais il y a une parole-clef, qui risque de passer inaperçue, une parole centrale dans la spiritualité chrétienne, dans l’expérience du fait d’être disciple: l’hospitalité. Jésus, en bon maître, pédagogue, les envoie pour vivre l’hospitalité. Il leur dit: Restez là où l’on vous accueillera. Il les envoie pour apprendre une des caractéristiques fondamentales de la communauté croyante. Nous pourrions dire que le chrétien est celui qui a appris à recevoir, à accueillir. Jésus ne les envoie pas comme des puissants, comme des propriétaires, des chefs, chargés de lois, de règles. Au contraire, il leur indique que le chemin du chrétien est de transformer le cœur. Apprendre à vivre d’une autre manière, avec une autre loi, sous une autre norme. C’est passer de la logique de l’égoïsme, de la fermeture, de l’affrontement, de la division, de la supériorité, à la logique de la vie, de la gratuité, de l’amour. De la logique de la domination, de l’oppression, de la manipulation, à la logique de l’accueil, du recevoir, de la sollicitude. Ce sont deux logiques qui sont en jeu, deux manières d’affronter la vie, la mission. Que de fois pensons-nous la mission sur la base de projets ou de programmes. Que de fois n’imaginons-nous pas l’évangélisation grâce à des milliers de stratégies, de tactiques, de manœuvres, de stratagèmes, cherchant à convertir les personnes avec nos argumentations. Aujourd’hui, le Seigneur nous le dit très clairement. Dans la logique de l’Evangile, on ne convainc pas avec les argumentations, les stratégies, les tactiques, mais en apprenant à accueillir. L’Eglise est la mère au cœur ouvert qui sait accueillir, recevoir, spécialement celui qui a besoin de plus de soin, celui qui est le plus en grande difficulté. L’Eglise est la maison de l’hospitalité. Que de bien pouvons-nous faire si nous acceptons d’apprendre le langage de l’hospitalité, de l’accueil! Que de blessures, que de désespoirs peuvent se soigner dans une maison où l’on peut se sentir accueilli. Hospitalité envers l’affamé, envers l’assoiffé, envers l’étranger, envers celui qui est nu, envers le malade, envers le prisonnier, envers le lépreux, envers le paralytique. Hospitalité envers celui qui ne pense pas comme nous, envers celui qui n’a pas la foi ou l’a perdue. Hospitalité envers le persécuté, envers le chômeur. Hospitalité envers les cultures différentes, dont cette terre est si riche. Hospitalité envers le pécheur. Bien souvent nous oublions qu’il y a un mal qui précède nos péchés. Il y a une racine qui cause beaucoup mais beaucoup de dommages, qui détruit silencieusement de nombreuses vies. Il y a un mal qui, peu à peu, se fait un nid dans notre cœur et consume notre vitalité. C'est la solitude. Solitude qui peut avoir beaucoup de causes, beaucoup de motifs. Combien cela détruit la vie et combien cela nous fait du mal. Elle nous sépare progressivement des autres, de Dieu, de la communauté. Elle nous renferme peu à peu sur nous-mêmes. Et donc, la caractéristique de l’Eglise, de cette mère, ce n’est pas principalement de gérer des choses, des projets, mais c’est d’apprendre à vivre la fraternité avec les autres. Le meilleur témoignage que Dieu est Père est la fraternité accueillante, parce que à ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples. Si vous avez de l’amour les uns pour les autres. De cette façon, Jésus nous ouvre à une logique nouvelle. Un horizon plein de vie, de beauté, de vérité, de plénitude".


"Dieu ne ferme jamais les horizons, Dieu n’est jamais passif devant la vie et la souffrance de ses enfants. Dieu ne se laisse jamais vaincre en générosité. A cause de cela, il nous envoie son fils, il le donne, il le livre et le partage afin que nous apprenions le chemin de la fraternité, du don. C’est définitivement un horizon nouveau, c’est définitivement une Parole nouvelle pour tant de situations d’exclusion, de désagrégation, de fermeture, d’isolement. C’est une Parole qui rompt le silence de la solitude. Et quand nous seront fatigués ou que l’évangélisation deviendra difficile, il est bien de rappeler que la vie que Jésus nous offre répond aux nécessités les plus profondes des personnes, parce que nous avons tous été créés pour l’amitié avec Jésus et l’amour fraternel. Une chose est certaine, nous ne pouvons obliger personne à nous recevoir, à nous héberger, c’est certain et cela fait partie de notre pauvreté et de notre liberté. Mais il est aussi certain que personne ne peut nous obliger à ne pas être accueillants, hospitaliers envers la vie de notre peuple. Personne ne peut nous demander de ne pas accueillir et embrasser la vie de nos frères, surtout de ceux qui ont perdu l’espérance et le goût de vivre. Comme il est beau d’imaginer nos paroisses, nos communautés, nos chapelles, les lieux où se trouvent les chrétiens, comme de vrais centres de rencontre entre nous et Dieu. L’Eglise est mère, comme Marie. En elle nous avons un modèle. Accueillir, comme Marie qui n’a pas dominé ni ne s’est appropriée la Parole de Dieu, mais, au contraire, l’a accueillie, l’a portée dans son sein et l’a donnée. Accueillir comme la terre qui ne domine pas la semence, mais la reçoit, la nourrit et la fait germer. C’est ainsi que nous voulons être nous chrétiens, c’est ainsi que nous voulons vivre la foi sur ce sol paraguayen, comme Marie, en accueillant la vie de Dieu dans nos frères avec confiance, avec la certitude que le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit".

Puisse l'Eglise être accueillante à l'image de Marie


Cité du Vatican, 13 juillet 2015 (VIS). A la fin de la messe, l'Archevêque d'Asunción et l'Archevêque pour les orthodoxe de l'Amérique latine ont remercié le Pape, qui s'est adressé à l'assemblée avant de réciter l'angélus: Maintenant "nous tournons notre regard confiant vers la Vierge Marie, Mère de Dieu et notre mère. Elle est le don de Jésus à son peuple. Il nous l’a donnée comme mère à l’heure de la croix et de la souffrance. Elle est fruit de l’oblation du Christ pour nous. Et depuis lors, elle a toujours été et elle sera toujours avec ses enfants, spécialement les plus petits et ceux qui sont le plus dans le besoin. Elle est entrée dans la trame de l’histoire de nos peuples et de leurs gens. Comme en beaucoup d’autres pays de l’Amérique Latine, la foi des paraguayens est imprégnée d’amour pour la Vierge Marie. Vous allez avec confiance chez votre mère, vous lui ouvrez votre cœur, et vous lui confiez vos joies et vos peines, vos espoirs et vos souffrances. La Vierge vous console et, avec la tendresse de son amour, elle allume en vous l’espérance. Ne cessez pas d’invoquer Marie et de lui faire confiance car elle est mère de miséricorde pour tous ses enfants sans distinction. A la Vierge, qui persévéra avec les apôtres dans l’attente de l’Esprit Saint, je demande aussi de veiller sur l’Eglise et de fortifier les liens fraternels entre tous ses membres. Avec l’aide de Marie, que l’Eglise soit la maison de tous, une maison qui sache accueillir, une mère pour tous les peuples... S’il vous plaît, priez aussi pour moi. Je sais bien combien on aime le Pape au Paraguay. Moi aussi je vous porte dans mon cœur et je prie pour vous ainsi que pour votre pays".


Le Pape s'adresse à la jeunesse avant de quitter le Paraguay


Cité du Vatican, 13 juillet 2015 (VIS). Avant de dire au revoir au Paraguay, le Saint-Père a rencontré deux cent mille jeunes sur la promenade du front de mer. Et plutôt que de lire le discours préparé, il préféré répondre aux témoignages qu'avaient présenté trois jeunes. Voici une large synthèse de ses propos: ''Après la lecture de l'Evangile, Orlando est venu me demander de prier pour la liberté de chacun de nous. Cette liberté nous la demandons maintenant tous ensemble parce qu'elle est un don de Dieu. Mais nous devons la recevoir...avec un cœur libre... Gardez votre cœur libre. L'exploitation, le manque de moyens, la toxicomanie, la tristesse, toutes ces choses peuvent emporter notre liberté. Alors...ayons tous le cœur libre, un cœur qui peut parler de l'esprit, qui peut dire ce que vous ressentez, qui vous permet faire ce que vous pensez et ce que vous ressentez... Nous avons entendu deux témoignages: celui de Liz et celui de Manuel. Elle aurait pu facilement mettre sa mère dans une maison de soins, sa grand-mère dans un autre asile, et vivre sa vie de jeune, étudier et se divertir. Non, elle a décidé de consacrer sa vie au service de sa mère et grand-mère qui ont besoin d'aide. Est-elle seule? Non. Elle a parlé d'une tante qui était comme un ange, elle a parlé de ses amis du week-end, de sa communauté d'évangélisation avec le groupe de jeunes qui a nourri sa foi. Et ces deux anges lui ont donné plus de force pour continuer. C'est ce qu'on appelle la solidarité".

"La solidarité. Voilà ce que nous apprend ce témoignage. Manuel n'a pas été favorisé par la vie... Il a dit avoir été exploité et abusé, avoir risqué de tomber dans la dépendance, d'être isolé. Mais au lieu d'aller faire de mauvaises choses, au lieu de sortir voler, il est allé travailler. Au lieu de sortir pour se venger de la vie, il travaille et lutte pour réussir sa vie... Il nous a dit que la vie n'est pas facile pour de nombreux jeunes... Si ma vie est relativement facile pour certains, d'autres garçons et filles n'ont pas sa chance et sa force de caractère. Et ce désespoir les pousse à la criminalité, à la corruption. Ceci dit, nous leur sommes proches, prêts à leur donner un coup de main. Nous devons les aider, avec solidarité, amour et espérance... Il y avait deux phrases belles de Liz et de Manuel.... Liz a dit qu'elle a commencé à connaître Jésus, ce qui lui a ouvert la porte de l'espérance. Et Manuel a affirmé que sa rencontre avec Dieu est devenue sa force... C'est de connaître Dieu, à travers de Jésus, qui donne l'espoir et la force dont nous avons besoin aujourd'hui. Les jeunes jeunes...qui savent qui est Jésus connaissent Dieu... Connaître Jésus. Connaître Dieu, là est notre force. Voilà notre chemin! Mais pour cela, il faut des sacrifices, nous devons marcher à contre-courant. Dans les Béatitudes nous lisons...le plan de Jésus pour nous... Il dit Heureux les pauvres en esprit, et non Bienheureux sont les riches, qui accumulent de l'argent. Heureux ceux qui ont l'âme des pauvres, ceux qui sont capables d'approcher et de comprendre ce qu'est un pauvre. Jésus ne dit pas Heureux ceux qui vont bien, mais ceux qui sont en mesure de partager la souffrance des autres. L'autre jour, un prêtre m'a dit en plaisantant: Vous continuez à conseiller aux jeunes de faire du bruit... Mais ne serait-ce pas mieux de les aider à organiser le désordre et s'organiser!... Si nous ne nous donnons pas un cœur libre, ce sera gâchis. Seule la solidarité nous donnera l'espérance, mais pour cela il faut avoir rencontré Jésus et en lui Dieu, qui est notre force".


Après quoi le Pape François a gagné l'aéroport de Asunción, faisant halte devant le Ycuá Bolanos, pour bénir ce centre commercial reconstruit après le pire accident civil de l'histoire du pays, un incendie qui a provoqué la mort de 400 personnes et fait 500 blessés. L'avion papal a quitté le sol du Paraguay à 19 h locale, pour atterrir à Rome peu avant 14 h (heure de Rome).

Décès du Cardinal Biffi


Cité du Vatican, 11 juillet 2015 (VIS). Le Saint-Père a fait parvenir à l'Archevêque de Bologne (Italie) un télégramme de condoléances à la suite du décès, ce matin à 87 ans, de son prédécesseur le Cardinal Giacomo Biffi. Il y retrace la carrière pastorale du défunt, d'abord curé puis Auxiliaire du diocèse de Milan, avant d'être nommé Archevêque de Bologne. Il a participé à la formation humaine et chrétienne de générations entières par son enseignement et la publication de plusieurs ouvrages. Le Pape évoque aussi l'efficacité de son langage direct et actuel au service de la Parole de Dieu, ainsi que ses prédications des exercices spirituels tenus, en particulier, à la Curie Romaine.

Télégramme après un attentat en Egypte


Cité du Vatican, 11 juillet 2015 (VIS). Le Cardinal Secrétaire d'Etat a envoyé, au nom du Pape François, un télégramme au Président égyptien suite à l'attentat contre le consulat italien au Caire. Rappelant la "vague d'autres attentats qui avait déjà coûté la vie à de nombreuses personnes, le Pape François élève sa ferme condamnation contre de tels actes. Il appelle les acteurs politiques et religieux à tous les niveaux à unir leurs efforts pour combattre avec toujours plus de détermination le fléau du terrorisme et promouvoir la concorde et la solidarité. Le Pape exprime sa vive compassion aux familles affectées et à toutes les personnes touchées par ces violences aveugles, assurant de sa prière. En gage de consolation, il implore l'abondance des bénédictions divines sur tout le peuple égyptien".

Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 11 juillet 2015 (VIS). Le Saint-Père a nommé:

Le Cardinal Luis Antonio G.Tagle, Archevêque de Manille (Philippines) et Président de Caritas Internationalis, Membre du Conseil pontifical Cor Unum.

Mgr.Ennio Apeciti (Italie), Consulteur de la Congrégation pour les causes des saints.

L'Abbé Francesco Massagrande (Italie), Consulteur de la Congrégation pour les causes des saints.

Mgr.Lucas Van Looy, Evêque de Gand (Belgique) et Président de Caritas Europe, Membre du Conseil exécutif de Caritas Internationalis.

Mgr.Youssef Antoine Soueif, Archevêque maronite de Chypre et Président de Caritas Chypre, Membre du Conseil exécutif de Caritas Internationalis.

Mgr.Gerard Patrick Burns (Nouvelle Zélande), Président de Caritas Océanie, Membre du Conseil exécutif de Caritas Internationalis.


Le Cardinal Javier Errázuriz Ossa, son Envoyé spécial au VI Congrès eucharistique national du Mexique (Monterrey, 9 - 13 septembre).
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