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Le Vatican Information Service (VIS) est un service d'information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège. Il propose des informations sur le Magistère et l'activité pastorale du Saint-Père et de la Curie Romaine... []

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jeudi 24 septembre 2015

Accueil du Pape à la Maison Blanche


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Deux cent mille personnes attendaient hier le Pape aux abords de la Maison Blanche, où il a été accueilli vers 9 h (15 h heure de Rome) par le Président des Etats-Unis d'Amérique. Puis il a prononcé son premier discours devant les 20.000 invités rassemblés dans les jardins. En voici le texte intégral:
"Je suis profondément reconnaissant pour votre accueil au nom de tous les Américains. Comme fils d’une famille d’immigrés, je suis heureux d’être un hôte en ce pays, qui a été en grande partie bâti par de semblables familles. J’attends avec impatience ces jours de rencontre et de dialogue, où j’espère écouter et partager nombre des espérances et des rêves du peuple américain. Durant ma visite, j’aurai l’honneur de m’adresser au Congrès, où j’espère, en tant que frère de ce pays, offrir des paroles d’encouragement à ceux qui sont appelés à guider l’avenir politique de cette nation dans la fidélité à ses principes fondateurs. Je me rendrai aussi à Philadelphie pour la huitième Rencontre mondiale des familles, afin de célébrer et de soutenir les institutions du mariage et de la famille en ce moment critique dans l’histoire de notre civilisation. Avec leurs concitoyens, les catholiques américains sont engagés dans la construction d’une société qui soit véritablement tolérante et inclusive, dans la sauvegarde des droits des individus et des communautés, et dans le rejet de toute forme d’injuste discrimination. Avec d’innombrables autres personnes de bonne volonté, ils nourrissent également le souci que les efforts pour bâtir une société juste et ordonnée avec sagesse respectent leurs plus profondes préoccupations et leur droit à la liberté religieuse. Cette liberté demeure l’un des plus précieux acquis de l’Amérique. Et, comme mes frères, les évêques des Etats-Unis, nous l’ont rappelé, tous sont appelés à être vigilants, précisément en tant que bons citoyens, pour préserver et défendre cette liberté de tout ce qui la menacerait ou la compromettrait".


"Monsieur le Président, je trouve encourageant que vous promouviez une initiative pour la réduction de la pollution de l’air. En acceptant cette urgence, à moi également il semble clair que le changement climatique est un problème qui ne peut plus être laissé à la future génération. En ce qui concerne la sauvegarde de notre maison commune, nous vivons un moment critique de l’histoire. Il est encore temps d’opérer les changements qui s’imposent en vue d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Un tel changement exige de notre part que, de manière sérieuse et responsable, nous prenions en considération, non seulement le genre de monde que nous pourrions léguer à nos enfants, mais aussi les millions de personnes vivant dans un système qui les a marginalisés. Notre maison commune fait partie de ce groupe d’exclus qui crient vers le ciel et qui aujourd’hui frappent avec force à la porte de nos maisons, de nos villes et de nos sociétés. Pour utiliser une expression imagée du Pasteur Martin Luther King, nous pouvons dire que nous avons manqué d’honorer un billet à ordre et le moment est arrivé de le faire. Nous savons par la foi que le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. En tant que chrétiens inspirés par cette certitude, nous voulons nous engager, de manière consciencieuse et responsable, pour la sauvegarde de notre maison commune. Les efforts réalisés récemment afin d’amender les relations rompues et afin d’ouvrir de nouvelles portes à la coopération au sein de la famille humaine sont des étapes positives sur le chemin de la réconciliation, de la justice et de la liberté. Je voudrais que tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté de cette grande nation soutiennent les efforts de la communauté internationale pour protéger les personnes vulnérables dans notre monde et pour encourager les modèles de développement intégral et inclusif, en sorte que nos frères et sœurs partout puissent connaître les bénédictions de paix et de prospérité que Dieu veut pour tous ses enfants Monsieur le Président, une fois encore, je vous remercie de votre accueil, et j’attends impatiemment ces jours à passer dans votre pays. Dieu bénisse l’Amérique!".

Le Pape s'adresse aux évêques des Etats-Unis


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Hier après-midi en la cathédrale de Washington, le Saint-Père a prononcé un important discours programmatique devant les évêques américains. En voici la partie principale:

"Avant tout je rends grâce à Dieu pour le dynamisme évangélique qui a permis la croissance remarquable de l’Eglise dans ce pays, ainsi que la contribution généreuse, qu’elle a offerte et continue d’offrir, à la société des États-Unis et au monde. J’apprécie vivement votre générosité et votre solidarité envers le Siège apostolique tout comme pour l’évangélisation dans beaucoup de parties tourmentées du monde, et je vous en remercie avec émotion. Je me réjouis de l’engagement indéfectible de votre Église pour la cause de la vie et de la famille, motif principal de ma présente visite. Je suis avec attention l’effort considérable d’accueil et d’intégration des émigrés qui continuent de regarder l’Amérique de la même manière que les pèlerins qui y ont abordé à la recherche de ses ressources prometteuses de liberté et de prospérité. J’admire l’effort au prix duquel vous poursuivez la mission éducative dans vos écoles à tous les niveaux et l’œuvre de charité de vos nombreuses institutions. Ce sont des activités souvent conduites sans aucune aide publique... Je suis conscient du courage avec lequel vous avez fait face à des moments délicats...sans craindre les critiques et les humiliations. Vous n'avez pas eu peur des sacrifices nécessaires pour retrouver l’autorité et la confiance demandée aux ministres du Christ... Je sais combien est gravée en vous la blessure des dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement en faveur des victimes" d'abus sexuels et dans vos efforts "afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais".
"Je vous parle comme Evêque de Rome, appelé par Dieu d’une autre terre américaine pour préserver l’unité de l’Eglise universelle et pour encourager dans la charité le parcours de toutes les Eglises particulières... Parmi vous, je ne me sens pas un étranger... Je connais bien le défi de semer l’Evangile dans le cœur d’hommes provenant de mondes différents, et qui souvent se sont endurcis au long de l’âpre chemin parcouru avant d’arriver. Elle ne m’est pas étrangère, l’histoire de l’effort pour implanter l’Eglise entre plaines, montagnes, villes et banlieues d’un territoire souvent inhospitalier, où les frontières sont toujours provisoires, où les réponses évidentes ne durent pas, et où la clé d’entrée demande de savoir conjuguer l’effort héroïque des pionniers explorateurs avec la sagesse prosaïque et la résistance des natifs... Dès l’aube de la nation américaine, quand, au lendemain de la révolution a été créé le premier diocèse à Baltimore, l’Eglise de Rome vous a toujours été proche et son assistance constante, tout comme son encouragement, ne vous a jamais fait défaut. Au cours des dernières décennies, trois de mes prédécesseurs vous ont rendu visite, vous remettant un important patrimoine d’enseignement toujours actuel, que vous avez mis à profit pour orienter vos programmes pastoraux... Je n’entends pas tracer un programme, ni définir une stratégie. Je ne suis pas venu pour vous juger, ni pour donner des leçons. J’ai pleinement confiance dans la voix de celui qui “enseigne tout. Permettez-moi seulement, avec la liberté de l’amour, de parler comme un frère parmi ses frères. Je n’ai pas à cœur de vous dire ce qu’il faut faire, parce que nous savons tous ce que nous demande le Seigneur. Je préfère plutôt revenir sur...les chemins à parcourir, sur les sentiments à nourrir lorsqu’on travaille, sur l’esprit dans lequel agir. Sans prétendre être exhaustif, je partage avec vous quelques réflexions que j’estime opportunes pour notre mission... Notre joie la plus grande est d’être pasteurs, rien d’autre que pasteurs, d’un cœur sans partage et dans un don de soi irréversible. Il faut garder cette joie sans permettre qu’on nous la vole... L’essence de notre identité doit se chercher dans la prière assidue, dans la prédication... Non pas une prière quelconque, mais l’union familière avec le Christ, où l’on croise chaque jour son regard pour entendre la question qui nous est adressée, Qui est ma mère, qui sont mes frères?... Non pas une prédication de doctrines complexes, mais l’annonce joyeuse du Christ, mort et ressuscité pour nous... Que la Parole donne sens et plénitude à toute partie de leurs vies, que les sacrements les nourrissent de cet aliment qu’ils ne peuvent se procurer, que la proximité du pasteur réveille en eux la nostalgie de l’étreinte du Père. Veillez à ce que les fidèles rencontrent toujours dans le cœur du pasteur cette réserve d’éternité qu’avec anxiété l’on cherche en vain dans les choses du monde. Qu’ils trouvent toujours sur vos lèvres l’appréciation pour leur capacité d’agir et de construire, dans la liberté et dans la justice, la prospérité dont est prodigue cette terre. Mais que ne fasse pas défaut le courage serein de confesser qu’il faut travailler non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. Non pas se paître soi-même...ni rester enfermés dans l’autoréférentialité, mais regarder toujours vers les horizons de Dieu qui dépassent tout ce que nous sommes capables de prévoir ou de planifier. Veiller aussi à fuir la tentation du narcissisme, qui rend aveugle le pasteur, qui rend sa voix méconnaissable et ses gestes stériles".

"Il est certainement utile que l’évêque possède la clairvoyance du leader et l’habileté de l’administrateur, mais le danger reste...d'échanger le pouvoir de la force contre la force de l’impuissance, à travers laquelle Dieu nous a sauvés. L’Evêque doit avoir une perception lucide du combat entre la lumière et les ténèbres qui se livre dans ce monde. Malheur à nous si nous faisions de la croix un étendard de luttes mondaines, en ignorant que la condition de la victoire durable est de se laisser transpercer et vider de soi-même. Elle ne nous est pas étrangère, l’angoisse des premiers onze, enfermés dans leurs murs, agressés et effarés, habités par la peur des brebis dispersées parce que le pasteur a été frappé. Mais nous savons que nous a été donné un esprit de courage et non de timidité. Par conséquent, il n’est pas permis de nous laisser paralyser par la peur. Je sais que les défis auxquels vous êtes confrontés sont nombreux, que le champ dans lequel vous semez est souvent hostile, et que les tentations sont nombreuses de s’enfermer dans les murs de la peur à se lécher les blessures, se rappelant une époque qui ne reviendra pas et planifiant des réponses dures aux résistances qui sont d’ores et déjà âpres. Et cependant, nous sommes des partisans de la culture de la rencontre. Nous sommes des sacrements vivants de l’étreinte entre la richesse divine et notre pauvreté. Nous sommes des témoins de l’abaissement et de la condescendance de Dieu qui, dans l’amour, précède aussi notre première réponse. Le dialogue est notre méthode, non par stratégie habile, mais par fidélité à celui qui ne se fatigue jamais de passer et de repasser sur les places des hommes jusqu’à la onzième heure pour proposer son invitation d’amour. Le chemin, c’est donc le dialogue entre vous, dialogue dans vos presbytères, dialogue avec les laïcs, dialogue avec les familles, dialogue avec la société. Je ne me lasserai pas de vous encourager à dialoguer sans peur. Plus riche est le patrimoine, que vous avez à partager dans la vérité, que plus éloquente soit l’humilité avec laquelle vous l’offrez. N’ayez pas peur d’accomplir l’exode nécessaire à tout dialogue authentique. Autrement, il n’est pas possible de comprendre les raisons de l’autre, ni de comprendre en profondeur que le frère ...compte davantage que toutes les positions que nous jugeons éloignées des nôtres, même si celles-ci sont d’authentiques certitudes. Le langage aigre et belliqueux de la division ne convient pas aux lèvres d’un pasteur, il n’a pas droit de cité dans son cœur et, même s’il semble pour un moment assurer une apparente hégémonie, seul l’attrait durable de la bonté et de l’amour reste vraiment convainquant... Parfois la solitude de nos peines nous pèse, et nous prenons tellement sur nous le joug que nous ne nous souvenons plus de l’avoir reçu du Seigneur. Il semble seulement nôtre, et donc nous nous traînons comme des bœufs fatigués dans le champ aride, menacés par la sensation d’avoir travaillé en vain, oubliant la plénitude du repos indissociablement lié à celui qui nous en a fait la promesse... La grande mission que le Seigneur nous confie, nous l’exerçons en communion, de manière collégiale. Le monde est déjà tellement déchiré et divisé, le morcellement a désormais élu domicile partout. Par conséquent, l’Eglise, la tunique sans couture du Seigneur, ne peut se laisser déchirer, être mise en morceaux, ou devenir objet de querelles. Notre mission épiscopale est en premier de cimenter l’unité, dont le contenu est déterminé par la Parole de Dieu et par l’unique Pain du Ciel, par lesquels chacune des Eglises particulière...reste catholique, ouverte et en communion avec toutes les autres et avec celle de Rome qui préside à la charité. Il est impératif, par conséquent, de veiller à cette unité, de la garder, de la favoriser, d’en témoigner comme signe et instrument qui, au-delà de toute barrière, unit nations, races, classes, générations. Que l’Année Sainte de la Miséricorde toute proche, en nous introduisant dans la profondeur inépuisable du cœur divin, dans lequel il n’y a aucune division, soit pour tous une occasion privilégiée pour renforcer la communion, perfectionner l’unité, réconcilier les différences, se pardonner mutuellement et surmonter toute division... Un tel service à l’unité est particulièrement important pour votre pays, dont les vastes ressources matérielles et spirituelles, culturelles et politiques, historiques et humaines, scientifiques et technologiques imposent des responsabilités morales non négligeables dans un monde assourdi et qui peine à la recherche de nouveaux équilibres de paix, de prospérité et d’intégration. Offrir aux Etats-Unis d’Amérique l’humble et puissant levain de la communion est donc une part essentielle de votre mission. Que l’humanité le sache, le fait qu’elle est habitée par le sacrement d’unité est la garantie qu’elle n’est pas destinée à l’abandon ni à la désagrégation. Un tel témoignage est un phare qui ne peut s’éteindre... Par conséquent je vous encourage à affronter les questions de notre temps, qui constituent des défis. Au fond de chacune d’elles, il y a toujours la vie comme don et responsabilité. L’avenir de la liberté et de la dignité de nos sociétés dépend de la manière dont nous saurons répondre à de tels défis: La victime innocente de l’avortement, les enfants qui meurent de faim ou sous les bombes, les immigrés qui se noient à la recherche d’un lendemain, les personnes âgées ou les malades dont on voudrait se débarrasser, les victimes du terrorisme, des guerres, de la violence et du narcotrafic, l’environnement dévasté par une relation déprédatrice de l’homme avec la nature, en tout cela, est toujours en jeu le don de Dieu dont nous sommes les nobles administrateurs, mais non les maîtres. Il n’est donc pas permis de s’évader ni de se taire... Ces aspects de la mission de l’Eglise...nous ont été transmis par le Seigneur. Nous avons donc le devoir de les garder et de les communiquer, même lorsque l’esprit du temps rend imperméable et hostile à un tel message. Je vous encourage donc à offrir un tel témoignage à la société".

"A cette fin, il est très important que l’Eglise aux Etats-Unis soit aussi un foyer humble qui attire les hommes par la splendeur de la lumière et la chaleur de l’amour. Comme pasteurs, nous connaissons bien l’obscurité et le froid qu’il y a encore dans le monde, la solitude et l’abandon de beaucoup de personnes même là où abondent les moyens de communication et les richesses matérielles, mais aussi la peur de la vie, les désespoirs et les multiples évasions qui y sont liées. Seule une Eglise qui sait se rassembler autour du foyer demeure capable d’attirer. Certes, pas n’importe quel feu, mais celui qui s’est allumé le matin de Pâques. C’est le Seigneur ressuscité qui continue à interpeller les pasteurs de l’Église à travers la voix des pauvres... Avant de conclure ces réflexions, permettez-moi de vous faire encore deux recommandations qui me tiennent à cœur. La première se réfère à votre paternité épiscopale. Soyez des pasteurs proches de vos gens, des pasteurs proches et des serviteurs. Que cette proximité s’exprime de façon particulière envers vos prêtres. Accompagnez-les afin qu’ils continuent à servir le Christ d’un cœur sans partage, puisque seule la plénitude comble les ministres du Christ. Je vous en prie, donc, ne les laissez pas se contenter de demi-mesures. Prenez soin de leurs sources spirituelles afin qu’ils ne tombent pas dans la tentation des notaires et des bureaucrates, mais qu’ils soient l’expression de la maternité de l’Eglise qui engendre et fait grandir ses enfants. Veillez à ce qu’ils ne craignent pas de se lever en pleine nuit pour répondre à celui qui frappe à la porte... Entraînez-les pour qu’ils soient prêts à s’arrêter, à se pencher, à verser du baume, à prendre en charge et à se dévouer en faveur de celui qui, par hasard, s’est trouvé dépouillé de tout ce qu’il croyait posséder. Ma seconde recommandation se réfère aux immigrés. Je présente des excuses si de quelque façon, je défends presque ma propre cause. L’Eglise des Etats-Unis connaît comme peu d’autres les espérances des cœurs des pèlerins. Depuis toujours, vous avez appris leur langue, soutenu leur cause, intégré leurs contributions, défendu leurs droits, promu leur recherche de prospérité, conservé allumée la flamme de leur foi. Encore à présent, aucune institution américaine ne fait davantage pour les immigrés que vos communautés chrétiennes. Maintenant, vous avez cette longue vague d’immigration latine qui investit beaucoup de vos diocèses. Non seulement comme Evêque de Rome, mais aussi comme pasteur venu du Sud de l'Amérique, je sens le besoin de vous remercier et de vous encourager. Il ne sera peut-être pas facile pour vous de lire leur âme, peut-être serez-vous mis au défi par leur diversité. Sachez, toutefois, qu’ils possèdent aussi des ressources à partager. Accueillez-les donc sans peur. Offrez-leur la chaleur de l’amour du Christ et déchiffrez le mystère de leur cœur. Je suis certain que, encore une fois, ces gens enrichiront l’Amérique et son Église. Que Dieu vous bénisse et que la Vierge Marie vous garde!". 

Canonisation de Junípero Serra, évangélisateur de la Californie


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Le Pape François s'est rendu hier soir au sanctuaire national de l'Immaculée pour célébrer la messe de canonisation de Junípero Serra (1713 - 1784), le franciscain espagnol, missionnaire au Mexique puis en Basse Californie à partir de 1760. Il fonda une vingtaine de missions, dont certaines furent à l'origine de villes, San Francisco, San Diego et Los Angeles. Fray Junípero a été béatifié par Jean-Paul II en 1988. Voici l'homélie du Saint-Père:

A la suite de Paul, nous comprenons que "quelque chose en nous, nous invite à la joie et à ne pas nous satisfaire de placébos qui simplement veulent nous apaiser. Ceci dit, nous vivons les tensions de la vie quotidienne, des situations qui semblent remettre en cause cette invitation... Nous risquons parfois de nous laisser aller à une résignation qui peut se transformer en accoutumance. Sa fatale conséquence est l’anesthésie du cœur... Jésus nous dit ce qu'il a dit aux disciples: Allez, annoncez! La joie de l’Evangile, on l’expérimente, on la connaît et on la vit uniquement en la donnant, en se donnant. L’esprit du monde nous invite au conformisme, au confort. Face à cela, il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde. La responsabilité d’annoncer le message de Jésus. En effet, la source de notre joie naît de ce désir inépuisable d’offrir la miséricorde, fruit de l’expérience de l’infinie miséricorde du Père et de sa force communicative. Allez annoncer à tous en oignant et oindre en annonçant. C’est à cela que le Seigneur nous invite aujourd’hui, nous disant: La joie, le chrétien l’expérimente dans la mission. Il la trouve dans l'invitation d'aller et annoncer. La joie, le chrétien la renouvelle, l’actualise à travers l'appel de Jésus à évangéliser à toutes les nations... Jésus ne nous donne pas une liste sélective de ceux qui sont dignes ou pas de recevoir son message, sa présence. Au contraire, il a toujours embrassé la vie comme elle se présentait à lui. Avec un visage de douleur, de faim, de maladie, de péché. Avec un visage de blessures, de soif, de fatigue, de doutes et de pitié. Loin d’attendre une vie maquillée, décorée, parée, il l’a embrassée comme elle venait à sa rencontre. Même si c’était une vie qui souvent apparaissait défaite, souillée, détruite. A tous, Jésus a dit, allez et annoncez, allez et embrassez, en mon nom... La mission ne naît jamais d’un projet parfaitement élaboré ou d’un manuel très structuré et planifié. Elle naît toujours d’une vie qui s’est sentie recherchée et guérie, rencontrée et pardonnée. La mission naît de l’expérience toujours renouvelée de l’onction miséricordieuse de Dieu".

"Peuple saint de Dieu, l'Eglise sait parcourir les chemins poussiéreux de l’histoire parsemés de conflits, d’injustices et de violence, pour aller à la rencontre de ses fils et frères. Le saint peuple fidèle ne craint pas l’erreur mais l’enfermement, la cristallisation en élites, le fait de s’accrocher à des sécurités personnelles. Il sait que l’enfermement sous ses multiples formes est la cause de tant de résignations. Par conséquent, sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Le peuple de Dieu sait s’engager parce qu’il est disciple de Celui qui s’est agenouillé devant les siens pour leur laver les pieds. Aujourd’hui, nous sommes ici parce que beaucoup ont eu le courage de répondre à cet appel, parce que beaucoup ont cru que la vie grandit en se donnant et s’affaiblit dans l’isolement et le confort. Nous sommes des fils de l’audace missionnaire de nombreuses personnes qui ont préféré ne pas se renfermer dans les structures qui donnent une fausse protection dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée. Nous sommes des débiteurs d’une tradition, d’une chaîne de témoins qui ont permis que la Bonne Nouvelle de l’Evangile continue d’être, de génération en génération, Nouvelle et Bonne".

"Et aujourd’hui, nous nous souvenons de l’un de ces missionnaires, qui a su témoigner sur ces terres de la joie de l’Evangile, Frère Junípero Serra. Il a su vivre ce qu’est l’Eglise en sortie, cette Eglise qui sait sortir et aller par les chemins, pour partager la tendresse réconciliatrice de Dieu. Il a su quitter sa terre, ses coutumes, il a eu le courage d’ouvrir des chemins, il a su aller à la rencontre de tant de personnes en apprenant à respecter leurs coutumes et leurs particularités. Il a appris à porter la vie de Dieu et à l’accompagner dans les visages de ceux qu’il rencontrait en faisant d’eux ses frères. Junípero a cherché à défendre la dignité de la communauté autochtone, en la protégeant de ceux qui avaient abusé d’elle. Des abus qui continuent aujourd’hui de susciter en nous un dégoût, notamment en raison de la douleur qu’ils causent dans la vie de nombreuses personnes. Il s’est donné une devise qui a guidé ses pas et modelé sa vie: Toujours de l’avant! Ce fut sa manière de vivre la joie de l’Evangile, pour que son cœur ne s’anesthésie pas. Il est allé toujours de l’avant, parce que le Seigneur attend, parce que le frère attend . Toujours de l’avant à cause de tout ce qu’il lui restait à vivre... Comme lui hier, aujourd’hui nous pouvons dire: Toujours de l’avant!".


Autres actes pontificaux


Cité du Vatican, 24 septembre (VIS). Le Saint-Père a:

Accepté la renonciation de Mgr.Calogero La Piana, SDB, à la charge pastorale du diocèse métropolitain de Messina - Lipari - Santa Lucia del Mela (Italie), présentée en conformité au canon 401,2 du CIC.

Accepté la renonciation de Mgr.Giacomo Lanzetti, à la charge pastorale du diocèse d'Alba (Italie), présentée en conformité au canon 401,2 du CIC.

Accepté la renonciation pour limite d'âge de Mgr.Ricardo Oscar Faifer, à la charge pastorale du diocèse de Goya (Argentine). Lui succède son Coadjuteur, Mgr.Adolfo Ramón Canecin.

Nommé Mgr.Luis Gerardo Cabrera Herrera, OFM, Archevêque de Guayaquil (superficie 14.637, population 3.324.319, catholiques 2.825.672, prêtres 338, diacres 18, religieux 502), en Equateur. Jusqu'ici Archevêque de Cuenca (Equateur), il succède à Mgr.Antonio Arregui Yarza, dont la renonciation a été acceptée pour limite d'âge.


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